MONSIEUR DUDRON

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 « Ils ont trouvé la façon de raconter dans leurs écrits des élucubrations tellement obscures qu’ils ont fini eux aussi par ne plus rien y comprendre. De ces phrases, complètement dépourvues de sens commun, sont nées une partie de la littérature moderne et aussi la façon de s’exprimer et même de penser (si toutefois on peut parler de pensée) des milieux intellectuels. 

    « Quand on assiste aux réunions qui ont lieu dans les salons littéraires, soit que ces réunions aient lieu dans notre vieille Europe, soit qu’elles aient lieu dans le Nouveau Monde, les conversations, les discussions, les opinions sont toujours les mêmes. Si une personne voyage souvent elle a l’impression de rêver, lorsque, par exemple, à New York, elle entend, à propos de peinture ou de littérature, la même phrase qu’une ou deux semaines avant elle a entendue à Paris ou dans une autre capitale européenne. 
    « Cette uniformité des snobs dans le monde entier leur a conféré un aspect plutôt d’automates parlants que d’êtres vivants. L’homme, même le plus simple, mais vivant, a un cerveau qui fonctionne, même d’une façon rudimentaire; mais cela est absolument défendu au snob. »
    Isabella Far se tut et Monsieur Dudron s’animant lui exprima en termes enthousiastes toute son admiration pour la justesse de ses observations et la clarté avec laquelle elle les formulait; toujours avide de s’instruire il la pria de parler encore. 
    « Je voudrais aussi savoir, madame, dit-il, comment on peut expliquer ce grand nombre, cette masse d’intellectuels dans la vie moderne, tandis qu’avant il n’y avait que des petits groupes de gens, vraiment supérieurs, qui s’occupaient et se dédiaient aux choses élevées de l’esprit et, auxquels gens, on donnait le nom d’intellectuels ? » 
    Isabella Far qui avait écouté avec une grande attention la question de Monsieur Dudron, réfléchit un moment et ensuite dit : « Voilà, maître, je pense qu’on peut expliquer cela de la façon suivante: l’intellectuel d’aujourd’hui est un phénomène spécial qui n’a absolument rien de commun avec l’intellectuel d’avant. L’intellectuel d’aujourd’hui est non seulement le produit du progrès social, mais il est surtout le produit de l’évolution économique mondiale. 
    « Au commencement, quand les nobles perdirent le privilège exclusif de la richesse, les gens venus du peuple, une fois qu’ils furent arrivés au bien-être matériel, ne se préoccupèrent que du côté extérieur de leur vie. Cela est très logique, si l’on pense que les gens venus du peuple avaient admiré et envié depuis trop de générations la vie élégante et brillante que menaient les nobles et autres personnages d’exception. 
    « Ces nouveaux riches, dont l’instruction était plus qu’élémentaire, voyaient seulement le côté superficiel de la vie des nobles, c’est-à-dire le luxe, la commodité, les amusements, et tout cela devenait leur idéal. Les nouveaux riches croyaient, d’une façon erronée du reste, que la supériorité des nobles sur les autres gens consistait uniquement dans le luxe, les amusements, enfin dans le côté superficiel de leur vie. Les nouvelles classes, formées par ceux qui venaient du peuple, cherchaient à montrer leur supériorité en mettant de riches habits, en possédant des chevaux et des voitures, enfin avec une vie élégante et enviable. 
    « Peu à peu ces nouvelles classes de commerçants et, plus tard, d’industriels, commencèrent à s’instruire parce que leur activité dans les affaires exigeait un certain degré d’instruction. Elles créèrent aussi une vie de société, en cherchant à la rendre pareille à celle des classes nobles. Cependant tous leurs efforts étaient encore concentrés sur l’élégance et l’aspect extérieur de la vie. Le développement rapide du commerce et de l’industrie répandait toujours plus, parmi un nombre toujours croissant d’individus, le bien-être matériel. Les personnes qui vivaient une vie d’un niveau assez élevé, devenaient courantes. Par conséquent il fallait de nouveau de grosses fortunes et un effort exceptionnel pour pouvoir impressionner les gens. Mais les personnes possédant de très grosses fortunes étaient rares, tandis que le nombre de ceux qui sentaient le besoin de paraître des hommes supérieurs à leurs semblables augmentait toujours. Alors les hommes se rappelèrent les qualités spirituelles par lesquelles on peut éventuellement s’imposer aux autres et se grandir à leurs yeux. Ainsi a commencé vers la fin du siècle dernier, et s’est toujours plus développée dans le nôtre, la passion pour l’intelligence, considérée, non comme une qualité supérieure de l’esprit humain, mais comme un moyen utile aux hommes prétentieux et au fond bêtes, pour paraître exceptionnels. 
    « Voilà, maître, l’origine de l’intellectualisme moderne. » 
    Isabella Far se tut. Monsieur Dudron la remercia chaleureusement pour les très précieux éclaircissements qu’elle lui avait fournis et la complimenta encore une fois très vivement pour ses dons vraiment étonnants d’intelligence philosophique, d’esprit observateur et critique, et d’extraordinaires logique et clarté. 
    Il commençait à faire sombre et l’air devenait humide. Monsieur Dudron offrant galamment le bras à Isabella Far, l’accompagna jusqu’à chez elle en lui faisant toutes sortes de compliments, même sur son nom: « Voyez-vous, madame, disait-il, votre nom a quelque chose d’annonciateur, de prophétique. En français il sonne comme le mot phare, la lumière qui indique aux navires le port, en anglais cela signifie: loin, lointain, en effet c’est bien loin que vous allez, madame, avec votre pensée; bien loin, mais toujours avec cette logique écrasante qui est l’apanage des esprits supérieurs. »  

    Essi hanno trovato il modo di raccontare nei loro scritti elucubrazioni talmente oscure che essi stessi hanno finito per non comprenderci più assolutamente niente. Da quelle frasi completamente prive di senso comune sono nate parte della letteratura moderna ed anche la maniera di esprimersi e perfino di pensare (se tuttavia si può parlare di pensiero) degli ambienti intellettuali. 
    Quando si assiste a riunioni che si svolgono nei salotti letterari, ed è indifferente se queste riunioni abbiano luogo nella nostra vecchia Europa o nel Nuovo mondo, le conversazioni, le discussioni, le opinioni sono sempre le stesse. Se una persona viaggia spesso, ha l’impressione di sognare perché, per esempio, a Nuova York, a proposito di pittura o letteratura, sente la stessa frase che una o due settimane prima ha sentito a Parigi o in un’altra capitale europea. 
    Questa uniformità degli snobs in tutto il mondo ha conferito loro un aspetto piuttosto da automi parlanti che da esseri viventi. L’uomo, per semplice che sia, ma vivo, ha un cervello che funziona, anche se in maniera rudimentale; ma ciò è assolutamente proibito agli snob». 
    Isabella Far tacque, ed il Signor Dudron, animandosi, le espresse in termini entusiastici tutta la sua ammirazione per l’esattezza delle sue osservazioni e per la chiarezza con cui le formulava; sempre avido di istruirsi, la pregò di parlare ancora. «Vorrei anche sapere, Signora, – disse – come si può spiegare quel grande numero, quella massa di intellettuali nella vita moderna, quando una volta non vi erano che piccoli gruppi di gente, veramente superiore, che si occupavano e si interessavano delle cose elevate dello spirito, ed a quella gente si dava il nome di intellettuali?». 
    Isabella Far che aveva ascoltato con grande attenzione la domanda del Signor Dudron, rifletté un momento e poi disse: «Ecco, Maestro, io penso che si possa spiegare ciò nella seguente maniera: l’intellettuale di oggi è un fenomeno speciale che non ha assolutamente niente a che fare con l’intellettuale di prima. L’intellettuale è non solo un prodotto del progresso sociale ma è anzitutto il prodotto dell’evoluzione economica mondiale. Al principio, quando i nobili persero il privilegio esclusivo della ricchezza, la gente venuta dal popolo, una volta che fu arrivata al benessere materiale, non si preoccupò che del lato esteriore della sua vita. Ciò è molto logico se si pensa che la gente venuta su dal popolo aveva ammirato ed invidiato da troppe generazioni la vita brillante ed elegante che conducevano i nobili ed altri personaggi di eccezione. 
    Questi nuovi ricchi la cui istruzione era più che elementare, vedevano solamente il lato superficiale della vita dei nobili, vale a dire, il lusso, la comodità, i divertimenti, e tutto ciò divenne il loro ideale. I nuovi ricchi credevano, ed a torto, che la superiorità dei nobili sugli altri consistesse unicamente nel lusso, nei divertimenti, insomma nella parte superficiale della loro vita. Le nuove classi, formate da coloro che venivano su dal popolo, cercavano di fare vedere la loro superiorità mettendo ricchi abiti, disponendo di cavalli e di vetture, insomma con una vita elegante e invidiabile.
    A poco a poco queste nuove classi di commercianti e, più tardi, di industriali, cominciarono ad istruirsi perché la loro attività negli affari esigeva un certo grado di istruzione. Essi crearono pure una vita di società cercando di renderla simile a quella delle classi nobili. Tuttavia i loro sforzi erano ancora concentrati sull’eleganza e sull’aspetto esteriore della vita. Il rapido sviluppo del commercio e dell’industria diffondevano sempre più, tra un numero sempre crescente di individui, il benessere materiale. Le persone che conducevano una vita di un livello assai elevato, diventavano comuni. Di conseguenza vi fu di nuovo bisogno di grosse fortune e di uno sforzo eccezionale per poter impressionare la gente. Ma le persone in possesso di fortune assai grosse erano rare, mentre il numero di coloro che sentivano il bisogno di sembrare uomini superiori ai loro simili aumentava continuamente. Allora gli uomini si ricordarono delle qualità spirituali con le quali ci si può eventualmente imporre agli altri ed innalzarsi ai loro occhi. Così è cominciata verso la fine del secolo scorso e si è ancor più sviluppata nel nostro la passione per l’intelligenza, considerata non come qualità superiore dello spirito umano, ma come mezzo utile agli uomini pretenziosi ed in fondo stupidi, per sembrare eccezionali. 
    Ecco, Maestro, l’origine dell’intellettualismo moderno». 
    Isabella Far tacque. Il Signor Dudron la ringraziò calorosamente degli schiarimenti preziosi che ella gli aveva fornito, e si congratulò ancora molto vivamente con lei per quei doni veramente sorprendenti di intelligenza filosofica, di spirito di osservazione, di critica, di logica e di chiarezza straordinaria. 
    Cominciava a fare buio e l’aria diventava umida. Il Signor Dudron, offrendo galantemente il braccio a Isabella Far, la accompagnò a casa facendole ogni genere di complimenti, perfino per il suo nome: «Vede, Signora, – egli disse – il suo nome ha qualche cosa di annunciatore, di profetico. In francese suona come la parola phare, la luce che indica il porto ai naviganti, in inglese invece significa: lontano, ed infatti Lei va assai lontano con il suo pensiero; assai lontano, ma sempre con quella logica schiacciante che è l’appannaggio degli spiriti superiori».

Spaghetti: Le sculpteur

    Après avoir accompagné Isabella Far chez elle, Monsieur Dudron s’apprêta à rentrer chez lui. Il s’acheminait vers sa demeure lorsqu’il rencontra un sculpteur de ses amis, un artiste très sérieux qui par un travail opiniâtre s’était fait une situation de tout premier ordre. Seulement il avait une manie, ou plutôt une faiblesse: le billard; ce n’était pas la passion pour ce jeu qui faisait sa faiblesse, mais l’acharnement qu’il mettait à passer pour un maitre, pour un virtuose du jeu de billard, tandis qu’il était simplement un très médiocre joueur.

Gli spaghetti: Lo scultore

    Dopo aver accompagnato Isabella Far a casa, il Signor Dudron si dispose a tornare a casa sua. Stava per incamminarsi verso la sua dimora quando incontrò un suo amico scultore, un artista molto serio che col suo lavoro indefesso si era fatto una posizione di primissimo ordine. Aveva solamente una mania, o piuttosto, un debole, il bigliardo; ma non era la passione per quel gioco che costituiva il suo debole, quanto piuttosto l’accanimento col quale cercava di passare per un maestro, un virtuoso del gioco del bigliardo mentre non era che un giocatore assai mediocre.

Varianti

Il passo non è incluso ne II Signor Dudron (dal romanzo di prossima pubblicazione), in “Prospettive”, n.5, 15 marzo 1940. Verrà aggiunto solo nell’ultima edizione postuma del 1999 come collegamento tra i due racconti del pittore cuoco alle prese con gli spaghetti e la maionese.

Spaghetti: L’artiste

    Monsieur Dudron le taquinait sur ce point, et, ce soir-là, l’ayant rencontré, il reprit la taquinerie et puis conclut: « Mon cher ami, votre cas me rappelle celui d’un ami à moi qui depuis quelques années a quitté notre ville pour s’établir à l’étranger. Il était comme vous un artiste sérieux et plein de talent et un des rares hommes qui aujourd’hui comprennent la peinture; il se piquait de savoir cuisiner et se vantait d’avoir un talent spécial pour faire un plat de spaghetti ou une mayonnaise. S’il ratait ses spaghetti ou sa mayonnaise il était pris d’une telle crise hystérique, d’un tel accès de rage et de désespoir que, à côté de cela, ce qu’il aurait pu éprouver en ratant un tableau après plusieurs mois de travail, aurait été un jeu d’enfant. Si vous avez le temps de marcher un peu avec moi je vous raconterai deux histoires qui concernent ce monsieur. »

Alléché par la promesse d’entendre Monsieur Dudron raconter des histoires, le sculpteur lui proposa sur-le-champ de l’accompagner jusqu’à sa porte, car il savait que les histoires que Monsieur Dudron racontait étaient toujours très drôles et qu’il avait un grand talent d’humoriste et de narrateur.

Gli spaghetti: L’artista

    Il Signor Dudron lo stuzzicava per questo, e quella sera, avendolo incontrato, riprese a fargli dispetto e poi concluse: «Mio caro amico, il Suo caso mi ricorda quello di un mio amico che da qualche anno ha lasciato la nostra città per stabilirsi all’estero. Era come Lei un artista serio e pieno di talento ed uno di quegli uomini rari che oggi comprendono la pittura; tuttavia egli metteva tutto il suo amor proprio nell’arte culinaria; si vantava di saper cucinare e sosteneva orgogliosamente di aver un particolare talento per preparare un piatto di spaghetti e la maionnaise. Se sbagliava i suoi spaghetti o la sua maionnaise, egli era preso da una tale crisi isterica, da un tale accesso di rabbia e di disperazione che, in confronto, quel che avrebbe potuto provare sbagliando un quadro dopo alcuni mesi di lavoro, sarebbe stato uno scherzo da fanciulli. Se Lei ha tempo di fare due passi con me, Le racconterò due episodi che riguardano quel signore».
Allettato dalla promessa di sentire raccontare storie dal Signor Dudron, lo scultore gli propose subito di accompagnarlo fino alla porta di casa perché sapeva che le storie raccontate dal Signor Dudron erano sempre molto divertenti e che questi aveva un grande talento di umorista e narratore.

 

Varianti

II Signor Dudron (dal romanzo di prossima pubblicazione), (“Prospettive”, n.5, 15 marzo 1940):
    [….] Ricordo per esempio un mio amico, che era un pittore di gran talento e uno dei rari uomini che oggi capiscono la pittura; egli tuttavia riponeva tutto il suo amor proprio nelle questioni culinarie e si vantava di aver un talento eccezionale per preparare gli spaghetti e la mayonnaise. Se per caso sbagliava era preso da una tale crisi isterica, da un tale rabbia sorda e da uno scoraggiamento tale, che, in confronto, quello che avrebbe potuto provare mancando la buona riuscita di un quadro era una sciocchezza.

Spaghetti: Introduction

Ils cheminèrent en marchant côte à côte d’un pas lent et mesuré et, à un certain moment, Monsieur Dudron commença: « Quelques mois avant son départ je rencontrai mon ami dans la galerie d’un marchand de tableaux et il me dit: “Demain, si tu n’as rien contre, je viendrai chez toi avec ma femme et je te préparerai un plat de spaghetti; tu sais que c’est ma spécialité; seulement ne prépare rien d’autre, car lorsqu’on a mangé un plat de spaghetti comme je les fais moi, on est rassasié pour au moins deux jours.”
« Le lendemain, bien avant l’heure qu’on avait fixée, il arriva chez moi accompagné de sa femme. J’avais eu soin de lui faire trouver sur la table de la cuisine deux paquets de spaghetti de la meilleure qualité, ainsi que du fromage râpé et du beurre de table.

Gli spaghetti: Introduzione

    Essi si incamminarono l’uno accanto all’altro a passo lento e misurato, e un certo momento il Signor Dudron cominciò: «Qualche mese prima della sua partenza incontrai il mio amico alla galleria di un mercante di quadri e lui mi disse: “Domani, se non hai niente in contrario, verrò da te con mia moglie e ti preparerò un piatto di spaghetti; tu sai che quella è la mia specialità; solamente, non preparare nient’altro perché quando si è mangiato un piatto di spaghetti come li faccio io, si è sazi per almeno due giorni”. L’indomani, assai prima dell’ora fissata, egli arrivò da me, accompagnato dalla moglie. Avevo avuto cura di fargli trovare sul tavolo della cucina due pacchi di spaghetti della migliore qualità nonché formaggio grattugiato e burro da tavola.

Varianti

II Signor Dudron (dal romanzo di prossima pubblicazione), (“Prospettive”, n.5, 15 marzo 1940):
    Ed il signor Dudron ricordò quel pranzo che precedette l’ultima sparizione del suo amico. Il giorno avanti questi gli aveva detto: “Verrò domani da te con mia moglie e ti preparerò un piatto di spaghetti; sai che è la mia specialità; soltanto non preparare null’altro, poichè quando s’è mangiato un piatto di spaghetti come li faccio io, si è sazi per almeno ventiquattr’ore.”
E, l’indomani, molto prima del tempo fissato per mettersi a tavola, giunse con la moglie in casa del signor Dudron. Questi aveva avuto cura di fargli trovare sul tavolo della cucina due pacchi di spaghetti della migliore qualità, del formaggio grattugiato e del burro da tavola.

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