MONSIEUR DUDRON
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Fumosus phalernus: Le petit café
Cependant, au fur et à mesure que Monsieur Dudron s’éloignait, les bourgades devenaient plus rares. Sur les rives fumaient à gros tourbillons des fours à briques et leur fumée salissait l’air en se mêlant à celle des bateaux. Le soir arriva doucement ; l’air fraîchit et le croissant de la lune brilla dans un ciel éclairci. Bientôt une succession de dunes blanches, symétriquement disposées et d’un dessin uniforme, s’estompèrent dans la pénombre. Monsieur Dudron s’aperçut qu’il était maintenant assez loin de la ville ; il se sentait un peu fatigué ; il pensa qu’il aurait été raisonnable, avant d’entreprendre le chemin du retour, de se reposer un peu et de boire quelque chose, car il avait aussi soif. Un petit café était ouvert au bord de la route et quelques tables rustiques, entourées de chaises, se trouvaient devant la porte. À gauche de la porte il y avait une large fenêtre au milieu de laquelle étaient peintes deux queues de billard surmontant trois billes disposées en pyramide.
Fumosus phalernus: La mescita
Intanto, a mano a mano che il Signor Dudron si allontanava, le borgate diventavano più rare. Sulle rive fumavano dei forni di mattoni, ed il loro fumo, alzandosi nell’aria come grossi turbini, si mischiava con quello dei battelli. La sera scendeva dolcemente; l’aria rinfrescò e la mezza luna brillava nel cielo limpido. Poi una catena di dune bianche, disposte simmetricamente e di contorni uniformi, si disegnò sfumata nella penombra. Il Signor Dudron si accorse che era ora assai lontano dalla città; egli si sentiva leggermente stanco; pensò che sarebbe stato ragionevole, prima di intraprendere il ritorno, di riposarsi e di bere qualche cosa perché aveva anche sete. Una piccola mescita era aperta sul bordo della strada, ed alcuni tavoli rustici, attorniati da sedie, si trovavano davanti alla porta. A sinistra della porta vi era una larga finestra nel mezzo della quale erano dipinte due stecche di bigliardo sormontanti tre palle disposte a piramide.
Varianti
Manoscritto Dusdron, metà anni ’30:
Cependant les bourgades devenaient plus rares. Sur les rives fumaient à gros tourbillons quelques fours à briques, et leur fumée salissait l’air en se mêlant à celle des steamboats. Le soir arriva, doucement. Bientôt une succession de dunes blanches, symétriquement disposées et d’un dessein uniforme s’estompèrent dans la pénombre. Monsieur Dusdron s’aperçut qu’il était arrivé dans la région des salines. Là s’ouvrait entre des terrains arides l’estuaire du fleuve. « Triste paysage, pensa Monsieur Dusdron, qui est tout sel, tout poussière et tout cendre! ». Un petit café était ouvert au bord de la route et quelques tables entourées de chaises se trouvaient devant la porte.
Manoscritto Dudron-Levy, 1936:
Cependant les bourgades devenaient plus rares. – Sur les rives fumaient à gros tourbillons quelques fours à briques et leur fumée noircissait l’air en se melant à celle des bateaux. Le soir arriva, doucement. Bientôt une succession des dunes blanches, symétriquement disposées et d’un dessin uniforme, s’estompèrent dans la penombre du crepuscule. Monsieur Dudron s’aperçut qu’il était arrivé dans la région des salines; là s’ouvrit entre des terrains arides l’estuaire du fleuve. «Triste paysage, pensa Monsieur Dudron, triste paysage qui est tout sable, tout sel, tout poussière et tout cendre!» ………. Un petit Café était ouvert au bord de la route et quelques tables entourées de chaises se trouvaient devant la porte.
Fumosus phalernus: L’Ami peintre
Monsieur Dudron s’assit à l’une des tables et appela pour se faire servir une boisson ; cependant, comme personne ne répondit à son appel, il se leva et s’approcha de la porte du café : l’intérieur du café était très sombre et il ne put apercevoir personne mais probablement lui était très visible pour ceux qui se trouvaient à l ‘intérieur car il entendit une voix qu’il connaissait et qui l’appelait par son nom ; aussitôt apparut devant lui un homme à l’aspect cordial et intelligent auquel Monsieur Dudron serra chaleureusement la main; c’était un peintre que Monsieur Dudron avait connu deux ans avant et avec lequel il s’était lié d’amitié car il avait remarqué que ce peintre avait sur l’art des idées très justes et très normales ; ainsi il aimait la belle peinture, détestait tout le bluff de cette peinture sans forme ni substance, de cette peinture fade et plate qu’on appelle peinture moderne et qui, sous l’égide d’une pseudo-sensibilité et d’une pseudo-intelligence, cache l’impuissance et l’ignorance les plus absolues.
Fumosus phalernus: L’amico pittore
Il Signor Dudron si sedette ad uno dei tavoli e chiamò per farsi servire una bevanda; poi, dato che nessuno rispose al suo richiamo, si alzò e si avvicinò alla porta della mescita; l’interno del locale era molto oscuro ed egli non poté distinguere nessuno ma probabilmente egli era ben visibile per coloro che si trovavano nell’interno perché egli sentì una voce a lui conosciuta che lo chiamò per nome; subito apparve davanti a lui un uomo dall’aspetto cordiale ed intelligente al quale il Signor Dudron strinse calorosamente la mano; colui era un pittore che il Signor Dudron aveva conosciuto due anni prima e col quale aveva stretto amicizia perché si era accorto che quel pittore aveva delle idee molto giuste e molto normali sull’arte; così costui amava la bella pittura, detestava tutto il bluff di quella pittura senza forma né sostanza, di quella pittura scialba e piatta che si chiama pittura moderna e che sotto l’egida di una pseudo-sensibilità e di una pseudo-intelligenza nasconde la più assoluta impotenza ed ignoranza.
Varianti
Manoscritto Dusdron, metà anni ’30:
Monsieur Dusdron s’assit à l’une des tables, il appela le garçon pour se faire avoir quelque chose et se retourna pour regarder dans l’intérieur du café si son appel aurait eu de réponse; l’intérieur du café, surtout pour des yeux comme ceux de Monsieur Dusdron, habitués à la forte lumière du dehors, apparut parfaitement noir, il ne distingua personne; mais il faut croire que lui il était très bien vu par ceux qui se trouvaient à l’intérieur car une exclamation de joyeuse surprise sortit du trou noir et fut aussitôt suivi par l’apparition sur le seuil de la porte d’un jeune homme blafard qui s’empressa de serrer avec effusion la main de Monsieur Dusdron en lui disant combien il était content de le retrouver après si longtemps; c’était un jeune peintre que Monsieur Dusdron avait connu deux ans auparavant et avec lequel il avait plusieurs fois discuté sur des questions de technique picturale. Car Monsieur Dusdron s’intéressait beaucoup à la technique picturale et il avait le plus profond mépris pour tous ces artistes qui négligent le côté technique de la peinture en disant que c’est de la “cuisine”. Il avait même écrit un petit traité sur la technique de la peinture qui était très apprécié par les connaisseurs [1]. Invité par Monsieur Dusdron, le jeune peintre s’assit […]
[1] Il riferimento è al Piccolo trattato di tecnica pittorica, scritto da de Chirico nel 1928 a Parigi, edito da Giovanni Scheiwiller nello stesso anno a Milano. Le edizioni successive in lingua italiana sono riproduzioni in facsimile dell’originale e risalgono al 1945 [a] e al 1983 [b]. In una recente edizione è stato pubblicato il carteggio completo tra il pittore e il suo editore [c]
[a] Cfr. Giorgio de Chirico, Piccolo trattato di tecnica pittorica. Facsimile del manoscritto, (seconda edizione) a cura di Giovanni Scheiwiller, Amici del Libro, Milano 1945.
[b] Cfr. Giorgio de Chirico, Piccolo trattato di tecnica pittorica. Facsimile del manoscritto, (terza edizione) a cura di Vanni Scheiwiller, Scheiwiller, Milano 1983.
[c] Cfr. Giorgio de Chirico, Piccolo trattato di tecnica pittorica, a cura di Jole de Sanna, Collana “Arte”, Libri Scheiwiller, Milano 2001.
Segue l’episodio della notte sull’Acropoli (cfr. Variante, Sull’Acropoli: Il desiderio)
Manoscritto Dudron-Levy, 1936:
Monsieur Dudron, se sentant un peu fatigué, s’assit à l’une des tables et appela le garçon pour se faire servir une boisson. En même temps il se retourna et regarda à l’intérieur du Café si son appel avait fait bouger quelqun; l’intérieur de café apparaissait parfaitement noir et il n’aperçut personne, mais il faut croire que lui était parfaitement visible pour les personnes qui se trouvaient à l’intérieur car une exclamation de joyeuse surprise sortit du trou noir et fût aussitôt suivie par l’apparition sur le seuil de la porte d’un jeune-homme blafard qui s’étant précipité à la table de Monsieur Dudron s’empressa de lui serrer les mains avec effusion en lui disant combien il était heureux de le retrouver après si longtemps qu’il ne l’avait pas vu. Il s’agissait d’une jeune peintre que Monsieur Dudron avait connu deux ans avant et avec lequel il avait plusieurs fois discuté sur des questions de technique picturale. Tous les deux s’intéressaient beaucoup à ces problèmes et trouvaient que leurs contemporains ne faisaient pas de la peinture. « Voyez-vous, Monsieur Dudron, disait le jeune peintre, aujourd’hui on ne peint pas ce qu’on fait c’est mettre des couleurs à sécher sur la toile; plus qu’au titre de peintres nos collègues auraient droit à celui de sécheurs de couleurs.» Monsieur Dudron pensait de la même façon et il avait le plus profond mepris pour tous ces peintres qui négligent le côté metier de la peinture en disant que c’est de la cuisine. Il avait même ecrit un petit traité sur la technique picturale qui était très apprecié par les connaisseurs.
Invité par Monsieur Dudron le jeune peintre s’assit […]
Fumosus phalernus: Catulle
Monsieur Dudron invita son ami à s’asseoir à sa table; le garçon enfin arriva et on lui commanda un demi-litre de ce vin un peu doux et qui sentait la fumée que Monsieur Dudron appréciait particulièrement et qui était une spécialité du pays. « Voyez-vous, mon cher collègue, dit Monsieur Dudron, ici, à propos de vin, on conserve encore des traditions qui remontent aux temps des Romains. Catulle dans ses vers parle de ce fameux fumesus phalernus, qui était un vin très apprécié au temps de ce poète et qui provenait des vignes cultivées dans l’agrum phalernum, dans la région de Naples. Catulle justement appelle ce vin fumesus parce qu’il sent la fumée. En effet les Romains avaient l’habitude de mettre leurs vins dans de grandes amphores de terre cuite ; dans la partie supérieure de leurs habitations, dans celle qui était sous le toit, ils mettaient du sable en quantité suffisante pour que les amphores qui se terminaient en pointe pussent s’y enfoncer et rester droites ; ensuite par un trou ouvert dans le plancher, près de l’endroit où étaient plantées dans le sable les amphores, passait la fumée du focus, du foyer, et c’est ainsi qu’après un temps plus ou moins long, le vin s’enfumait; en outre, souvent, au moment même de le boire, les Romains adoucissaient le vin en y ajoutant du miel. Probablement ce vin que nous avons maintenant devant nous n’est pas très différent de celui dont se délectait Catulle au cours de ses repas. »
Fumosus phalernus: Catullo
Il Signor Dudron invitò il suo amico a sedersi al suo tavolo; alla fine il cameriere arrivò ed ordinarono un mezzo litro di quel vino un po’ dolce e con un certo sapore di fumo che piaceva particolarmente al Signor Dudron e che era una specialità del paese. «Vede, mio caro collega, – disse il Signor Dudron – qui, a proposito di vino, si osservano ancora tradizioni che rimontano ai tempi dei Romani. Catullo nei suoi versi parla di quel famoso fumosus phalernus che era un vino molto apprezzato ai tempi di quel poeta e che proveniva dalle vigne coltivate nell’agrum phalernum, nella regione di Napoli. Catullo giustamente chiamava quel vino fumosus perché sapeva di fumo. Infatti i Romani avevano l’abitudine di mettere i loro vini in grandi anfore di terra cotta; nella parte superiore delle loro abitazioni, sotto il tetto, essi mettevano sabbia in quantità sufficiente perché le anfore che terminavano a punta, potessero affondarvisi e rimanere diritte; poi, per un buco aperto nel tavolato presso il luogo dove le anfore erano disposte nella sabbia, passava il fumo del focus, del focolare, ed è così che dopo un periodo di tempo più o meno lungo, il vino prendeva il sapore di fumo. Inoltre, spesso, al momento stesso di bere, i Romani rendevano più dolce il vino aggiungendovi del miele. Probabilmente questo vino che noi ora abbiamo davanti a noi non è molto diverso da quello che deliziava i pasti di Catullo».
Isabella Far: quatrième épisode: La forma nell’arte e nella natura
Cela dit, Monsieur Dudron remplit le verre de son ami puis le sien et ils burent, après s’être souhaité réciproquement tout le bonheur possible.
Ils parlèrent d’abord de différentes choses puis commencèrent à parler de peinture, qui était leur thème favori.
L’ami de Monsieur Dudron était un peintre très sérieux, qui aimait son art et cherchait continuellement à se perfectionner. Il en voulait à la plupart des peintres modernes qui négligent tellement la forme, ou plutôt la négligent par force majeure car ils sont incapables de la représenter. « Ne trouvez vous pas, cher collègue, dit-il en s’adressant à Monsieur Dudron, qu’aujourd’hui les peintres n’ont aucun sentiment de la forme; et pourtant la forme est ce qu’il y a de plus important en peinture ; sans la forme un tableau ne saurait exister et toute l’évolution de l’art est un effort continu pour perfectionner la forme ; mais, voilà, justement, la forme est aussi la chose la plus difficile à réaliser sur une toile et, comme vous le savez bien, il a fallu des siècles et des siècles pour arriver à la perfection et à la maîtrise d’un Titien, d’un Vélasquez ou d’un Rubens. À propos de ces problèmes de la forme qui me préoccupent pour la peinture plus que n’importe quel autre problème, j’ai lu un article très intéressant dans une revue artistique qui paraît dans la ville où j’habite. Cette revue s’appelle Talent; elle est très bien faite ; c’est une revue sans parti-pris et on y lit souvent d’admirables articles d’Isabella Far. Il y a justement un article sur la forme dans l’art. J’ai la revue dans ma poche et, si vous voulez, je vais vous lire cet article, au cas où vous ne le connaîtriez pas.
– En effet, mon cher ami, répondit Monsieur Dudron, je ne connais pas cet article mais je connais très bien l’écrivain Isabella Far, que je trouve un vrai phénomène d’intelligence et de talent philosophique. Je la vois souvent et je reste des heures entières à écouter ses discours extraordinaires sur la peinture et sur tant d’autres choses aussi. Si vous voulez bien me lire l’article sur la forme je serai tout oreilles. »
L’ami de Monsieur Dudron se leva, alla chercher dans la poche de son pardessus la revue en question, puis revint, s’assit, avala une gorgée de vin, alluma sa pipe et commença à lire:
« La forme dans l’art et dans la nature, par Isabella Far.
« La forme est indéniablement l’expression essentielle des arts plastiques. Plus une peinture ou une sculpture sont parfaites, plus parfaitement s’exprime en elles la forme. La forme confère la noblesse, la beauté et le mystère à une peinture ou à une sculpture.
« L’expression de la forme arrive à son apogée aux époques les plus évoluées et les plus heureuses de l’art. C’est pendant ces époques que le génie et le talent des peintres et des sculpteurs atteignirent leur plein épanouissement. Pendant ces siècles d’or du génie humain fut réalisée la forme idéale. L’idée, qui est en soi un phénomène abstrait, a pu se manifester pleinement en une forme plastique et concrète. Les siècles d’or dont je parle sont la Renaissance et les époques qui suivirent et pas du tout les époques des Primitifs qui, justement, n’ont pu réaliser pleinement leurs idées et leurs conceptions.
« Dans les grandes œuvres d’art la forme est évidente et, en même temps, irréelle. On pourrait dire qu’elle n’appartient pas à ce monde, tellement elle se fond dans l’atmosphère qui l’environne et cette fusion enlève à la forme toute la dureté qu’ont les choses dans la réalité.
« La façon de dire: la dure réalité, provient, sans aucun doute, de cette dureté qu’ont les formes qui sont autour de nous.
« Pour pouvoir exprimer la forme qui se détache de l’atmosphère tout en étant fondue dans l’atmosphère et qui, de ce fait, devient mystérieuse et irréelle, il a fallu un effort progressif et constant de l’intelligence qui a porté l’artiste à la maîtrise nécessaire à l’accomplissement d’une telle tâche.
« Pas seulement dans l’art, mais aussi dans la nature, la forme est l’expression de l’évolution universelle.
« L’homme, depuis l’enfance, est instinctivement porté à créer la forme. Même un petit enfant, à peine a-t-il entre les mains une matière, en elle même informe, mais malléable, comme le sable, la terre ou la neige, cherche instinctivement à façonner quelque chose qui puisse exprimer une forme et c’est ainsi que cela doit être car, depuis toujours, l’univers est occupé à transformer la matière, en soi informe (qui est la création dans son premier état), dans une matière qui s’exprime au moyen d’une forme (qui serait la création arrivée à un état plus avancé). Plus la forme est parfaite et compliquée, plus la création s’approche de son expression la plus haute qui est l’harmonie sublime.
Isabella Far, quarto episodio: La forma nell’arte e nella natura [1]
Così dicendo, il Signor Dudron riempì il bicchiere del suo amico, poi il suo ed essi bevvero dopo essersi augurato reciprocamente tutto il bene possibile.
Al principio essi parlarono di cose varie e poi cominciarono a parlare di pittura che era il loro tema favorito.
L’amico del Signor Dudron era un pittore molto serio che amava la sua arte e cercava continuamente di perfezionarsi. Ce l’aveva con la maggior parte dei pittori moderni che trascurano tanto la forma, o meglio la trascurano per forza maggiore perché sono incapaci di rappresentarla. «Non trova, caro collega, – disse egli, rivolgendosi al Signor Dudron – che i pittori oggi non hanno alcun senso della forma; e tuttavia la forma è quanto vi è di più importante nella pittura; senza la forma un quadro non potrebbe esistere, e tutta l’evoluzione dell’arte è uno sforzo continuo per perfezionare la forma; ma ecco che la forma, giustamente, è anche la cosa più difficile da realizzarsi su una tela e, come Lei ben sa, sono stati necessari secoli e secoli per arrivare alla perfezione e alla maestria di un Tiziano, di un Velázquez o di un Rubens. A proposito di questi problemi della forma che mi preoccupano in connessione con la pittura più di qualsiasi altro problema, ho letto un articolo molto interessante in una rivista artistica che si pubblica nella città dove abito. Quella rivista si chiama Talent; è molto ben fatta; è una rivista senza partito preso, e vi si leggono spesso articoli ammirevoli di Isabella Far. Quell’articolo è appunto un articolo sulla forma nell’arte. Ho la rivista in tasca, e se Lei vuole, e se per caso non lo conoscesse, Le leggerei quell’articolo».
«Infatti, caro amico, – rispose il Signor Dudron – io non conosco quell’articolo, ma conosco molto bene la scrittrice Isabella Far che io stimo un vero fenomeno di intelligenza e di talento filosofico. La vedo spesso e rimango per ore intere ad ascoltare i suoi discorsi straordinari sulla pittura e su tante altre cose. Se volesse leggermi quell’articolo sulla forma, sarei ben lieto di ascoltare».
L’amico del Signor Dudron si alzò, andò a cercare la rivista nella tasca del suo cappotto, poi tornò, si mise a sedere, prese un sorso di vino, accese la pipa e cominciò a leggere:
«La forma nell’arte e nella natura, di Isabella Far.
La forma è innegabilmente l’espressione essenziale delle arti plastiche. Quanto più una pittura o una scultura sono perfette, tanto più perfettamente risulta in esse espressa la forma. La forma conferisce la nobiltà, la bellezza ed il mistero ad una pittura o ad una scultura.
L’espressione della forma raggiunge il suo apogeo nelle epoche più evolute e felici dell’arte. È durante quelle epoche che il genio ed il talento dei pittori e scultori raggiunsero il loro pieno sviluppo. Durante quei secoli d’oro del genio umano venne realizzata la forma ideale. L’idea che in sé è un fenomeno astratto, ha potuto essere pienamente manifestata in una forma plastica e concreta. I secoli d’oro di cui parlo sono il Rinascimento e l’epoca che seguì e nient’affatto l’epoca dei primitivi che, appunto, non hanno potuto realizzare pienamente le loro idee e le loro concezioni.
Nelle grandi opere d’arte la forma è evidente e, nello stesso tempo, irreale. Si potrebbe dire che essa non appartiene a questo mondo, tanto essa si fonde con l’atmosfera che la circonda, e questa fusione libera la forma completamente da quella durezza che le cose hanno nella realtà.
Il modo di dire: la dura realtà deriva senza alcun dubbio da quella durezza che hanno le forme che ci circondano.
Per poter esprimere la forma che si distacca dall’atmosfera pur essendo fusa con l’atmosfera e che per questo fatto diventa misteriosa ed irreale, è stato necessario uno sforzo progressivo e costante dell’intelligenza che ha portato l’artista alla maestria necessaria per il compimento di un tale compito.
Non solo nell’arte ma anche nella natura, la forma è l’espressione dell’evoluzione universale.
L’uomo, sin dalla sua infanzia, è portato istintivamente a creare la forma. Perfino un bambino piccolo, non appena ha tra le mani una materia, in se stessa informe, ma plasmabile come la sabbia, la terra o la neve, cerca istintivamente di plasmare un qualche cosa che possa esprimere una forma, ed è giusto che sia così perché, da sempre, l’universo sta trasformando la materia, informe in se stessa (che è la creazione nel suo primo stadio) in una materia che si esprime per mezzo di una forma (che sarebbe la creazione arrivata ad uno stadio più avanzato). Più la forma è perfetta e complicata, più la creazione si avvicina alla sua espressione più alta che è l’armonia sublime.
Nota 1
Il saggio attribuito a Isabella Far corrisponde all’articolo di de Chirico con lo stesso titolo, uscito il 21 marzo 1943 su “L’Illustrazione Italiana”.
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