MONSIEUR DUDRON

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La suite du rêve: Réflexions sur les exigences de la vie

    «Je suis revenu par des chemins tortueux, pensait Monsieur Dudron dans le rêve, tout en regardant le nouveau paysage, je suis revenu par des chemins où les cailloux aigus, les ronces et les épines, ne manquaient pas, hélas! Je suis revenu à cette étude de la vie que j’avais abandonnée depuis de nombreuses années. Je me suis intéressé aux monts et aux grèves, aux lignes qui contournent les rivages des mers, à l’anatomie des branches qui varie d’arbre en arbre, aux couleurs du ciel qui changent selon les heures, le temps et les saisons. Je croyais que tous ces aspects posaient les problèmes les plus variés, les plus nombreux, les plus compliqués et les plus passionnants. Seulement, voilà, il faut penser à autre chose aussi. Pour que tu ne sois pas écrasé ou, tout au moins, gêné, pour que tes pensées restent naturelles, il ne faut pas employer une lumière trop vive. Souvent les exigences de la vie sont en opposition directe avec celles parfois très nombreuses du milieu où l’on veut agir, travailler, penser, créer, se distraire, se reposer, s’amuser, enfin vivre, quoi ! Il faut faire un dosage très précis et spécial des diverses sources où l’on puise ses inspirations. Je connais la joie des découvertes et l’amertume des déceptions ! Oui, je me souviens bien de ce jour d’hiver clair et lointain. Une lassitude immense pesait sur moi; l’horizon d’une pureté inconcevable brillait d’un éclat d’éternité, et sur le port les ombres des mâts et des cheminées s’allongeaient très loin jusqu’aux maisons, jusqu’aux bureaux des grandes compagnies d’expédition, jusqu’aux magasins d’où venait une odeur de cuir, de goudron et de poisson fumé. »
Ainsi se parlait à lui-même, en rêve, Monsieur Dudron et, cependant, cette crainte, accompagnée d’une sensation de petite colique qu’il avait ressentie jusqu’alors, se dissipa totalement pour céder la place à un sentiment de tranquillité et de sûreté. C’est donc sans émotion que dans son rêve il se trouva tout à coup mêlé à une chasse à l’ours, au fond d’une forêt: « Attention, disait une voix près de lui, la bête n’est que blessée, elle va se précipiter sur le chasseur! »
Il venait à peine d’entendre en rêve ces mots qu’un coup de feu retentit et Monsieur Dudron se réveilla. Il s’étira, bâilla, chercha sa montre et vit qu’il était dix heures. « C’est encore le fils de mon voisin, s’exclama Monsieur Dudron, qui m’a réveillé en tirant à la cible, avec sa carabine, dans le jardin.»

Il sogno continua: Riflessioni sulle esigenze della vita

    «Sono tornato per vie tortuose – pensò il Signor Dudron nel sogno, mentre guardava il nuovo paesaggio – sono tornato attraverso vie ove i ciottoli aguzzi, i rovi e le spine non mancavano, aimè! Sono tornato a questo studio della vita che avevo abbandonato da tanti anni. Mi sono interessato ai monti ed alle spiagge, alle linee che contornano le rive dei mari, all’anatomia dei rami che variano d’albero in albero, ai colori del cielo che cambiano secondo le ore, il tempo e le stagioni. Credevo che tutti questi aspetti ponessero i problemi più svariati, più numerosi, più complicati e più appassionanti. Solo, ecco, bisogna pensare ad altre cose ancora. Perché tu non sia oppresso o, quanto meno, infastidito, perché i tuoi pensieri restino naturali, non bisogna impiegare una luce troppo viva. Spesso le esigenze della vita sono in diretta opposizione con quelle, a volte numerosissime, dell’ambiente nel quale si vuole agire, lavorare, pensare, creare, distrarsi, riposare, divertirsi, vivere insomma! Bisogna fare un dosaggio molto preciso e particolare delle diverse fonti dove si attingono le proprie ispirazioni. Conosco la gioia delle scoperte e l’amarezza dei disinganni! Sì, mi ricordo bene di quella giornata d’inverno chiara e lontana. Un torpore immenso pesava su di me; l’orizzonte di una purezza inconcepibile brillava di una luce d’eternità, e sul porto le ombre degli alberi delle navi e dei fumaioli si allungavano lontanissime fino alle case, fino agli uffici de!le grandi società di spedizione, fino ai magazzini di dove veniva un odore di cuoio, di catrame e di pesce affumicato».
Così parlava a se stesso nel sogno il Signor Dudron, e intanto quel timore, accompagnato da una sensazione di piccola colica che aveva risentito fino allora, si dissipò completamente per cedere il posto ad una sensazione di tranquillità e sicurezza. Fu dunque senza emozione che nel suo sogno si trovò improvvisamente coinvolto in una caccia all’orso in fondo ad una foresta. «Attenzione – disse una voce vicina a lui, – la bestia non è che ferita, si avventerà sul cacciatore!l».
Egli aveva appena udito nel sogno questa frase che un colpo di fucile echeggiò e il Signor Dudron si svegliò. Egli si stiracchiò, sbadigliò, cercò il suo orologio e vide che erano le dieci. «È stato ancora il figlio del mio vicino, – esclamò il Signor Dudron, – che mi ha svegliato tirando a bersaglio con la sua carabina in giardino».

Varianti

Manoscritto Dusdron, metà anni ’30:
    “Je suis revenu par des chemins tortueux, où les cailloux aigres, les ronces et les épines ne manquaient hélas pas, je suis revenue à cette étude de la vie que j’avais abandonné depuis de plusieurs annés. Je me suis interessé aux plages, aux lignes qui contournent les rivages des mers parceque je croyais que leur aspect posait les problèmes les plus varies, les plus nombreux et les plus passionnants. Seulement, voilà, il faut penser à la vie. Pour que tu ne sois pas tué ou, tout au moins genè, pour que tes pensées restent naturelles, il ne faut pas employer une lumière trop vive. Souvent les exigences de la vie sont en opposition avec celles du milieu où l’on veut agir, travailler, penser et créer. Il faut faire un dosage très précis et spécial des diverses sources où l’on puise ses inspirations. Je connais la joie des découvertes et l’amertume des decéptions. Oui je me souviens bien de ce jour: de ce jour d’hiver clair et lontain. Une lassitude immense pesait sur moi: l’horizon d’une pureté inconcevable brillait d’un eclat d’éternité et dans le port les ombres des mâts s’allongeaient démesurément sur les quais et jusq’au petits cafés lá bas ou sommeillaient sur les terrasses devant leurs tables métalliques, les stewarts en quête d’embauchage. Sur le navire de mes pensées je repris mon voyage chimérique selon l’itineraire idéal que je m’étais tracé moi-même”.Ainsi se parlait a lui-même Monsieur Dusdron et en attendant cette crainte accompagnée d’une sensation de petite colique qui l’avait taquiné jusqu’alors ce dissipa peu a peu comme un brouillard fermenté dans humides humeur de la nuit se dissipe devant la tiedeur dorée des premiers rayons d’un soleil de printemps, et à la place de la crainte il sentit naître en lui une sûreté integrale.

Manoscritto Dudron-Levy, 1936
   «je suis revenu par des sentiers tortueux où les cailloux, les ronces et les épines ne manquaient, hélas, pas. Je suis revenu à cette étude de la vie que j’avais abandonnée depuis de nombreuses années. Je me suis intéressé aux plages, aux lignes qui contournent les rivages des mers, parceque je croyais que leur aspect posait les problèmes les plus variés, les plus nombreux et les plus passionants. Seulement, voilà, il faut penser à la vie. Pour que tu ne sois pas dévoré, ou, tout-au-moins, gêné, pour que tes pensées restent naturelles, il ne faut pas employer une lumière trop vive. Souvent les exigences de la vie sont en opposition avec celles du milieu où l’on veut agir, travailler, penser et créer. Il faut faire un dosage très précis et spécial des diverses sources où l’on puise ses inspirations. Je connais la joie des découvertes et l’amertume des décéptions. Oui je me souviens bien de ce jour d’hiver, clair et lointain; une lassitude immense pesait sur moi; l’horizon d’une pureté inconcevable brillait d’un éclat d’éternité et dans le port l’ombre des mâts et des cheminées des navires s’allongeait démésurément sur les quais. A bord du navire de mes pensées je repris mon voyage chimérique, selon l’itinéraire idéal que je m’étais tracé moi-même». Ainsi se parlait Monsieur Dudron et, en attendant, cette crainte, accompagnée d’une sensation de petite colique qui l’avait taquiné jusqu’alors, se dissipa peu-à-peu, comme un brouillard fermenté dans l’humidité de la nuit se dissipe devant la tiédeur dorée des rayons d’un soleil printanier. À la place de la crainte il sentit nâitre en lui une sorte de surété integrale.

Le fils adoptif s’enfuit: L’enfant

    En pensant au fils de son voisin, il se souvint avec tristesse de ce fils adoptif, de ce Bruno, de cet enfant qu’il avait tellement chéri et pour lequel tant lui que sa femme avaient fait maint sacrifice, même dans les moments les plus difficiles de leur vie. Ils espéraient que plus tard ces sacrifices porteraient leurs fruits; ils espéraient que quand Bruno serait devenu un adolescent, ils l’achemineraient vers des études de droit ou de mathématiques pour en faire un avocat ou un ingénieur, enfin un homme surtout honnête et puis aussi travailleur et sérieux. Mais, hélas, un matin, Monsieur Dudron, en entrant avec sa femme dans la chambre de Bruno pour lui apporter son chocolat, trouva le petit lit vide et les vêtements de marin sur une chaise. Une lettre, posée bien en évidence sur la cheminée, expliquait tout: « Je pars, disait la lettre, parce que là-bas on m’offre davantage; je vous rends vos habits de marin dont la laine très âpre m’a fait cruellement souffrir, comme si, autour du cou et aux poignets, j’avais eu un collier et deux bracelets d’orties. Je n’ai plus besoin de ces habits, car avec l’argent qu’on m’a donné je me suis acheté un magnifique complet sport, une casquette de golf et des souliers à triple semelle renforcée par une semelle de caoutchouc. »
On, c’était toujours lui, cet armateur immensément riche, au menton long et aux jambes courtes el cagneuses, qui avait séduit et poussé à la fuite leur Bruno, leur enfant! Dans un post-scriptum de la lettre, le fils prodigue ajoutait « qu’on avait mis une ville à sa disposition ».

“Il figlio adottivo scappa”: Il fanciullo

    Pensando al figlio del suo vicino egli si ricordò con tristezza di quel figlio adottivo, di questo Bruno, di questo fanciullo che gli era tanto caro e per il quale tanto lui quanto sua moglie avevano fatto tanti sacrifici perfino nei momenti più difficili della loro vita. Essi speravano che più tardi questi sacrifici avrebbero portato il loro frutto; essi speravano che quando Bruno fosse diventato un adolescente, l’avrebbero istradato verso studi di diritto o di matematica per farne un avvocato o un ingegnere, un uomo insomma sopratutto onesto e ancora serio e lavoratore. Ma, aimè, un mattino, il Signor Dudron entrando con sua moglie nella camera di Bruno per portargli il suo cioccolato, trovò il piccolo letto vuoto, ed i vestiti alla marinara su una sedia. Una lettera messa bene in evidenza sul caminetto, spiegava tutto: «lo parto – diceva la lettera – perché laggiù mi si offre di più. Io vi restituisco i vostri abiti alla marinara la cui lana molto ruvida m’ha fatto soffrire crudelmente, come se intorno al collo ed ai polsi avessi avuto una collana e due braccialetti di ortiche. Non ho più bisogno di questi abiti perché col denaro che mi è stato regalato, mi sono comprato un magnifico abito sportivo, un berretto da golf e delle scarpe a tripla suola e rinforzata con una suola di gomma».
    Qualcuno, – ed era sempre lui, quell’armatore immensamente ricco, dal mento lungo e dalle gambe corte e cagnesche, che aveva sedotto e spinto alla fuga il loro Bruno, il loro fanciullo! In un post-scriptum della lettera, il figliol prodigo aggiungeva: «Che qualcuno aveva messo una villa a sua disposizione».

Varianti

Manoscritto Dusdron, metà anni ’30:  
    Mais je connais aussi les conséquents et la tristesse et la honte des déceptions, pour ce fils unique et adoptif pour lequel ma femme et moi avions fait tant de sacrifices et que nous espérions plus tard, quand il serait un adolescent, acheminer [1] dans les études de droit ou de mathématiques pour en faire un avocat ou un ingénieur et lorsque un matin nous entrâmes dans sa chambre, nous trouvâmes son petit lit vide et ses vêtements de marin sur une chaise; une lettre mise en évidence sur la cheminée expliquait tout: “Je pars parce que là-bas, on m’offre d’avantage; il (c’était toujours lui, cet armateur aux jambes courtes et à la longue moustache blonde) met sa ville à ma disposition”.

[1] Nella versione a stampa Giorgio de Chirico, Monsieur Dusdron (“Metafisica”, N.1-2, 2002, p. 240) prima di “acheminer” figura un ‘l’ (pronome). La variante, sintatticamente errata, dovrebbe essere verificata sul Manoscritto per accertarsi che non sia dello stesso de Chirico. 

Manoscritto Dudron-Levy, 1936:
    Mais je connais aussi la tristesse et la honte des déceptions. Que de sacrifices n’avons-nous fait, ma femme et moi, pour ce fils unique et adoptif que nous espérions, plus tard, quand il aurait été un adolescent, acheminer vers de sevères études de droit ou de mathématiques pour en faire un avocat, ou un ingénieur, enfin quelquechose de bon et de sérieux, quoi! Et voilà qu’un matin en entrant dans sa chambre nous trouvàmes son petit lit vide et ses vêtements de marin posés sur une chaise; une lettre mise en évidence sur la cheminée expliquait tout. «Je pars, disait la lettre, parceque là bas on m’offre davantage….» – On c’était lui, toujours lui, cet armateur aux jambes courtes et au menton long, cet homme sournois, inquiétant et immensément riche, dont je m’étais toujours méfié. L’enfant prétendait qu’il mettait sa ville à sa disposition; pour le rejoindre notre fils avait échangé son costume de marin contre un complet sport qu’il avait acheté avec l’argent volé dans mon portefeuille.

Avventura del signor Dudron. Capitolo di Giorgio de Chirico (“Corriere Padano” 21 dicembre 1941):
    Ma purtroppo conosco anche la tristezza e l’onta delle delusioni. Si, quel figlio unico e adottivo per il quale la mia signora ed io avevamo sostenuto tanti sacrifici e che speravamo più tardi, quando sarebbe giunto all’adolescenza, indirizzare verso studi severi di diritto o di matematica perché diventasse un avvocato o un ingegnere. Vani progetti, ahimè, e vane speranze! …
Il figlio adottivo scappa
Un mattino entrammo nella sua camera e trovammo il suo lettuccio vuoto e i suoi abitucci di marinaio sopra una seggiola. Una lettera messa in evidenza sul caminetto diceva tutto: – parto perché laggiù mi fanno migliori offerte! … egli (era sempre lui, quell’armatore dalle gambe corte e dal mento lungo) mette la sua villa mia disposizione.

Une Aventure de M. Dudron, 1945:
    En pensant au fils de son voisin, il se souvint avec tristesse de ce fils adoptif, de cet enfant qu’il avait tellement chéri et pour lequel tant lui que sa femme avaient fait maint sacrifice, même dans les moments les plus difficiles de leur vie. Ils espéraient que plus tard ces sacrifices auraient porté leurs fruits; ils espéraient que quand Bruno (ainsi s’appelait l’enfant) serait devenu un adolescent, ils l’auraient acheminé vers des études de droit ou de mathématiques pour en faire un avocat ou un ingénieur, enfin un homme surtout honnête et puis aussi travailleur et sérieux. Et, tout à coup, un matin, M. Dudron, en entrant avec sa femme dans la chambre de Bruno pour lui apporter son chocolat, trouva le petit lit vide et les vêtements de marin sur une chaise. Une lettre, posée bien en évidence sur la cheminée, expliquait tout: « Je pars, disait la lettre, parce que là-bas on m’offre davantage; je vous rends vos habits de marin dont la laine très âpre m’a fait cruellement souffrir, comme si, autour du cou et aux poignets, j’avais eu un collier et deux bracelets d’orties. Je n’ai plus besoin de ces habits, car avec l’argent qu’on m’a donné je me suis acheté un magnifique complet sport, une casquette de golf et des souliers à triple semelle renforcée par une semelle decaoutchouc. » 
On, c’était toujours lui, cet armateur immensément riche, au menton long et aux jambes courtes el cagneuses, qui avait séduit et poussé à la fuite leur Bruno, leur enfant! Dans un post-scriptum de la lettre, le fils prodigue ajoutait « qu’on avait mis une ville à sa disposition. 

Dattiloscritto Evangelisti, 1963 c.:
    Pensando al figlio del suo vicino egli si ricordò con tristezza di quel figlio adottivo, di quel fanciullo, che egli aveva tanto amato e per il quale tanto lui, Signor Dudron, quanto sua moglie, avevano fatto parecchi sacrifici, anche nei momenti più difficili della loro vita. 
Essi speravano che più tardi quei sacrifici avessero portato i loro frutti. Speravano che quando Bruno, così si chiamava il fanciullo, sarebbe divenuto un adolescente, l’avrebbero istradato verso studi di legge o di matematiche per farne un avvocato o un ingegnere, insomma farne un nome [aggiunto: uomo] onesto ma sopratutto lavoratore e serio. [aggiunto: Però] Ma una mattina però il Signor Dudron, entrando con sua moglie nella camera di Bruno per portargli il caffelatte, trovò il lettuccio vuoto e il suo costume da marinaio [aggiunto: di Bruno] sopra una sedia. C’era una lettera posta molto in evidenza sul caminetto. La lettera spiegava tutto. – Parto, – vi era scritto, – parto perché laggiù mi si offre di più, vi restituisco il vostro costume di marinaio di cui la lana tanto ruvida mi ha fatto soffrire crudelmente, come se intorno al collo ed ai polsi avessi avuto un collare e due braccialetti di ortiche. Non ho bisogno di questo abito poiché con il denaro che mi hanno dato mi sono comprato un magnifico abito sport [aggiunto: sportivo] con [aggiunto:un] berretto da golf e delle scarpe con triplice suola, rafforzata con una suola di gomma.
Il Signor Dudron capì; [aggiunto: mi si offre di più …;] colui che aveva dato i denari a Bruno era sempre lui, quell’armatore immensamente ricco che aveva il mento lungo e le gambe arcuate è  lui che aveva sedotto e spinto alla fuga Bruno. Bruno il loro fanciullo beneamato. In un postscrittum della lettera, il figliol prodigo aveva scritto “a mia disposizione sarà messa una villa”.

Le fils adoptif s’enfuit: L’homme

    Oui, il avait fui le tourtereau. Lâchement, traîtreusement, il avait fui. Les années avaient passé, plus ou moins tristes, plus ou moins gaies, comme passent toutes les années. Maintenant, là-bas, dans la grande ville blanche et solennelle, où veillaient dans leur uniforme sévère les noirs tribuns militarisés et intransigeants, Bruno grandi, Bruno arrivé, se penchait sous la voûte des vastes coupoles pour écouter les vagues sonores et polyphoniques qui montaient et montaient sans cesse des cavernes, ces cavernes où s’abritaient en rangs serrés et disciplinés des orchestres formidables, conduits par des chefs chevelus et crispés, qui, en grimaçant affreusement et avec des gestes d’épileptiques, poussaient toujours plus haut le sublime des grandes symphonies inachevées.
Monsieur Dudron pensait ainsi à l’enfant prodigue, mais sans haine ni colère. « Après tout, se dit-il, chacun pour soi, c’est la loi qui gouverne le monde. »

“Il figlio adottivo scappa”: L’uomo

    Sì, era fuggito il colombo. Vigliaccamente, a tradimento era fuggito. Gli anni erano passati, più o meno tristi, più o meno gai, come passano tutti gli anni. Ora, laggiù nella grande città bianca e solenne dove vigilavano nelle loro uniformi severe i neri tribuni militarizzati ed intransigenti, Bruno cresciuto, Bruno arrivato, si sporgeva sotto la volta di vaste cupole per ascoltare le onde sonore e polifoniche che salivano e salivano senza posa dalle caverne melogene, da quelle caverne ove si riparavano in ranghi serrati e disciplinati orchestre formidabili, condotte da direttori dalle capigliature folte ed arruffate i quali con orrende smorfie e gesti da epilettici, spingevano sempre più in alto il sublime delle grandi sinfonie incompiute.
Il Signor Dudron pensava al fanciullo prodigio, ma senza odio né collera. «Dopo tutto – si disse – ciascuno per sé, è la legge che regola il mondo».

Varianti

Manoscritto Dusdron, metà anni ’30: 
    Oui, il avait fui le tourtereau. Lâchement, traîtreusement, il avait fui; maintenant là-bas dans la ville où veillaient sous leurs uniformes sévères de noirs tribuns militarisés et intransigeants, il se penchait du haut des vastes coupoles pour écouter les vagues sonores et polyphoniques qui montaient des cavernes mélogènes, là où s’abritaient en rangs serrés et disciplinés ces orchestres formidables, conduits par des chefs chevelus et crispés qui avec des grimaces d’épileptique poussaient toujours plus haut le sublime des grandes symphonies inachevées. Monsieur Dusdron pensa à l’enfant prodigue, lentement tendrement, sans haine ni colère, et les larmes lui vinrent aux yeux; elles coulèrent le long de ses gotes [1] rasées et poudrées tandis que debout et appuyé à une balustrade dans la pose d’un athlète au repos, il suivait le cours de ses tristes souvenirs. Monsieur Dusdron comprit enfin qu’il fallait un effort pour éloigner les tristes pensées, il se força à s’imaginer des scènes gaies, des chasses à l’ours, des petits châteaux hospitaliers tous éclairés le soir dans la brume humide de l’automne avancé, des cafés bordés de monde, de grands bazars pleins d’objets pratiques et de magnifiques jouets compliqués et brillants. Cette joie et cette gaieté qu’il avait cherchées jusqu’alors avec une obstination implacable semblaient enfin venir; mais si lentement, hélas! Et comptées au compte-gouttes!

[1] La parola “gotes” non esiste in francese: si tratta quasi sicuramente di un errore di trascrizione dal manoscritto, come conferma un confronto col Manoscritto Dudron-Levy, dove è scritto “joues” (guance, gote).

Manoscritto Dudron-Levy, 1936:
    Oui il avait fuit le tourtereau; lâchement, traîtreusement il avait fuit nous laissant dans la tristesse et le désespoir. Maintenant là bas, dans cette ville rectiligne où veillaient dans leurs uniformes sévères de noirs tribuns militarisés et intransigeants, il se penchait sous la voûte des vastes coupoles pour écouter les vagues sonores et polyphoniques qui montaient et montaient sans cesse des cavernes mélogènes, là ou s’abritaient en rangs serrés et disciplinés ces orchestres formidables, conduits par des chefs chévelus et crispés qui avec des grimaces et des contractions d’épileptiques poussaient toujours plus haut et plus loin l’ineffable sublime des grandes symphonies inachevées! ….».
Ainsi pensait Monsieur Dudron à l’enfant prodigue; il pensait à lui sans haine ni colère; lentement des larmes lui coulaient des yeux; elles coulaient sur ses joues rasées et poudrées tandis que debout et appuyé a une balustrade dans la pose classique du repos immortalisée par la statuaire grecque, il suivait le cours de ses tristes souvenirs.
Monsieur Dudron comprit enfin qu’il fallait un effort, un bon mouvement envers lui même, pour éloigner tout celà et se remettre d’aplomb. – Il chercha à penser à des choses gaies; à des chasses à l’ours, à des petits châteaux, hospitaliers et charmants tout éclairés le soir dans la brume humide de l’automne avancé. Il pensa à des cafés bondés de monde et à de grands bazars pleins d’objets pratiques et de jouets brillants, compliqués et magnifiques. Cette joie et cette gaité qu’il avait cherché jusqu’alors avec une obstination implacable, semblait enfin venir, mais si lentement hélas!, et comptée au compte-gouttes! 

Avventura del signor Dudron. Capitolo di Giorgio de Chirico (“Corriere Padano” 21 dicembre 1941):
Si, era fuggito il tortorello. Vigliaccamente, come un traditore, era fuggito! Ora in quella città ove vegliavano nelle loro uniformi severe i neri tribuni militarizzati ed intransigenti, egli si sporgeva dall’alto, di sotto le vaste cupole per ascoltare le ondate sonore e polifoniche che venivano su dalla cavee melogene, là ove stavano riparate, in ranghi stretti e disciplinati, quelle orchestre formidabili, guidate da capi zazzeruti e rattrappiti, che con smorfie orrende spingevano sempre più in alto il sublime delle grandi sinfonie incompiute”.
Il Signor Dudron pensò al fanciullo prodigo, lentamente, teneramente, distaccatamente, oggettivamente, senza odio, nè ira, e le lagrime gli inumidirono gli occhi e poi scesero lungo le sue gote rasate di fresco e incipriate, mentre appoggiato ad una balaustra, in un’attitudine di riposo, seguiva il corso del suoi tristi ricordi.
Il signor Dudron capì finalmente che doveva fare uno sforzo per allontanare i pensieri molesti e cercò di immaginarsi delle scene piacevoli, riconfortanti e gaie; delle caccie all’orso, dei piccoli castelli ospitali tutti illuminati la sera nell’aere fosco di bruma. Cercò di immaginarsi dei caffè pieni di gente, di fumo, di luce e di rumore, dei grandi bazar pieni di oggetti pratici e di magnifici giocattoli complicati, lustri e brillanti.
Quella gioia, quella gioia che sino allora egli aveva così ostinatamente cercata, sembrava al fine approssimarsi, ma tanto lentamente, gran Dio! Tanto lentamente e misurata col contagocce!

Une Aventure de M. Dudron, 1945:
    Oui, il avait fui le tourtereau. Lâchement, traîtreusement, il avait fui. Les années avaient passé, plus ou moins tristes, plus ou moins gaies, comme passent toutes les années. Maintenant, là-bas, dans la grande ville blanche et solennelle, où veillaient dans leur uniforme sévère les noirs tribuns militarisés et intransigeants, Bruno grandi, Bruno arrivé, se penchait sous la voûte des vastes coupoles pour écouter les vagues sonores et polyphoniques qui montaient et montaient sans cesse des cavernes mélogènes, de ces cavernes où s’abritaient en rangs serrés et disciplinés des orchestres formidables, conduits par des chefs chevelus et crispés, qui, en grimaçant affreusement et avec des gestes d’épileptiques, poussaient toujours plus haut le sublime des grandes symphonies inachevées.
Monsieur Dudron pensait ainsi à l’enfant prodigue, mais sans haine ni colère. «Après tout, se dit-il, chacun pour soi, c’est la loi qui gouverne le monde».

Dattiloscritto Evangelisti, 1963 c.:
    Sì, era fuggito il tortorello. Come un vigliacco e [aggiunto: ed un] traditore era fuggito. Gli anni erano passati, più o meno tristi, più o meno sereni, come passano tutti gli anni. Ora laggiù nella grande città bianca e solenne ove vegliavano nelle loro uniformi severe i neri tribuni militarizzati ed intransigenti, Bruno cresciuto, Bruno diventato un uomo, Bruno giunto alla gloria si chinava sotto la volta di vaste cupole per udire le onde sonore e polifoniche che salivano e salivano continuamente dalle caverne melogene; da quelle caverne ove in ranghi stretti e disciplinati stavano quelle formidabili orchestre, condotte da direttori zazzeruti e nevropatici i quali smorfeggiando orrendamente [aggiunto: e] con gesti da epilettici, spingevano sempre più in alto il sublime delle grandi sinfonie incompiute.    

Il Signor Dudron pensava al figliol prodigo ma senza odio né ira. In fondo – egli si diceva – ognuno per se; è la legge che governa il mondo.

Le matin: La vie recommence

    En même temps, il se blâma d’avoir plus d’une fois raté l’occasion. Il regarda sa chambre éclairée par la lumière du jour et pensa à ses rêves de la nuit et à ses aventures de la veille. « C’est la vie mystérieuse qui recommence chaque matin », se dit-il.

La mattina: La vita ricomincia

    Nello stesso tempo, si rimproverò di aver più di una volta mancata l’occasione. Egli guardò la sua camera rischiarata dalla luce del giorno, e pensò ai suoi sogni della notte e alle sue avventure della vigilia. «È la vita misteriosa che ricomincia ogni mattina» si disse.

Varianti

Manoscritto Dusdron, metà anni ’30:
    “La vie” – pensa Monsieur Dusdron; la vie mystérieuse qui recommence chaque matin, la vie, ô vie, si tu avais un visage, le visage le plus beau 
Ô vie si ton visage 
qu’on le grave dans l’or et l’ivoire
au seuil de mon tombeau! 
Content d’avoir trouvé ces vers, il alluma sa lampe pour les transcrire sur le papier toujours prêt sur la table de nuit, 

Manoscritto Dudron- Levy
, 1936:
«La vie! – pensa Monsieur Dudron -; la vie mysterieuse qui recommence chaque matin».
Il s’étira, bailla, alluma la lampe qui était toujours posée sur sa table de nuit,

Sogni e ricordi in Avventura del signor Dudron. Capitolo di Giorgio de Chirico (“Corriere Padano” 21 dicembre 1941):
   
“La vita! – pensò il signor Dudron, – la vita misteriosa che ricomincia ogni mattina”.

O vita, se il tuo volto
è com’ il suo volto bello,
Sia scolpito nell’oro e l’avorio
A’ pie’ del mio avello


Contento di aver trovato questi versi, accese la candela per scriverli sopra un foglio di carta che teneva, insieme alla matita, sempre pronto sopra il tavolino da notte[…]

Une Aventure de M. Dudron, 1945:
    En même temps, il se blâme d’avoir plus d’une fois raté l’occasion. Il regarda sa chambre éclairée par la lumière du jour et pensa à ses rêves de la nuit et à ses aventures de la veille. “C’est la vie mystérieuses qui recommence chaque matin”, se dit-il.

Dattiloscritto Evangelisti, 1963 c.:
    Nel tempo stesso si biasimò di avere più di una volta mancato l’occasione. Guardò la sua camera rischiarata dalla luce del giorno e pensò ai suoi sogni e alle sue avventure del giorno prima. È la vita misteriosa che ricomincia ogni mattina, si disse.

Le matin: On doit s’habiller

    Il savait qu’en se levant il devrait pourvoir à cette sûreté intégrale de l’homme bien rasé, bien chaussé et bien habillé, qui tâte la poche intérieure et boutonnée de son veston où il sent le portefeuille qu’il sait nanti de gros billets et de chèques à toucher, de cartes d’identité et de passeports parfaitement en règle, et qui, en outre, sait que dans les autres poches de son complet se trouve tout ce qui est nécessaire, voire indispensable, à un homme prévoyant, sain de corps et d’esprit, lorsqu’il quitte sa demeure pour s’aventurer dans cette forêt toujours mystérieuse et grosse de surprises qu’est une grande ville moderne, c’est-à-dire: plume stylographe, carnets de notes et d’adresses, canif, petit tube en bois contenant de la teinture d’iode, petit rouleau de taffetas gommé, montre et boussole, peigne de poche, crayon avec protège-pointe, carnet pour croquis, boîte métallique contenant au moins six cachets contre un éventuel mal de tête, blague à tabac dûment remplie, pipe, allumettes, morceaux de fer rouillé ou corne en corail pour conjurer le sort au passage d’un enterrement ou d’un individu ayant la réputation d’avoir le mauvais œil, et, en général, devant toute personne et toute chose susceptibles de porter malheur.

La mattina: Bisogna vestirsi

    Sapeva che alzandosi avrebbe dovuto provvedere a quella sicurezza integrale dell’uomo ben rasato, ben calzato e ben vestito che tasta la tasca interiore abbottonata della sua giacca dove sente il portafoglio che sa fornito di grossi biglietti e di assegni da incassare, di carte d’identità e di passaporti perfettamente in regola e che, peraltro, sa che nelle altre tasche del suo abito si trova tutto quello che è necessario, anzi indispensabile per un uomo previdente, sano di corpo e di spirito, quando lascia la sua dimora per avventurarsi in quella foresta sempre misteriosa e piena di sorprese che è una grande città moderna, cioè: penna stilografica, taccuino di note e di indirizzi, temperino, un tubetto di legno con tintura di jodio, un rotolino di cerotto, orologio e bussola, pettinino da tasca, matita con salva punta, libriccino per appunti, una scatola di metallo con almeno sei cachets contro eventuali dolori di testa, borsa di tabacco dovutamente riempita, pipa, fiammiferi, un pezzetto di ferro arrugginito o corno di corallo da toccare al passaggio di un funerale o di un individuo che avesse la reputazione di avere il malocchio, e, in generale a cospetto di tutte le persone e cose suscettibili di portare sfortuna.

Varianti

Manoscritto Dusdron, metà anni ’30:
    […] la sûreté de l’homme bien rasé, bien chaussé et bien habillé qui tâte sa poche boutonnée où il sent son portefeuille qu’il sait nanti de gros billets et de chèques à toucher, de cartes d’identité et de passeports parfaitement en règle et qui en outre sait que dans les autres poches se trouve tout ce qui est nécessaire à homme prévoyant, sain de corps et d’esprit lorsqu’il quitte sa demeure pour s’aventurer dans cette forêt toujours mystérieuse et grosse de surprises qu’est une grande ville moderne; c’est à dire: plume stylographe, carnets de notes et d’adresses, canif, tubes de bois contenant de la teinture d’iode; petit rouleau de taffetas gommé, montre et boussole, boîte de calamines d’au moins six calmines, blague à tabac, pipe et allumettes suédoises, morceau de fer recourbé pour toucher au passage d’un enterrement, d’un individu.

Manoscritto Dudron-Levy, 1936:
    a sûreté de l’homme bien rasé, bien chaussé et bien habillé, qui tâte la poche intérieure et boutonnée de son veston où il sent le volume de son portefeuille qu’il sait nanti de gros billets et de chèques à toucher, de cartes d’identité et de passeports parfaitement en règle et qui, en outre, sait que dans les autres poches de con complet se trouve tout ce qui est nécéssaire à un homme prévoyant, sain de corp et d’esprit, lorsqu’il quitte sa demeure pour s’aventurer dans cette forêt mystérieuse et grosse de surprises qu’est une grande ville moderne, et, c’est-à-dire: plume stylographe, carnet de notes et d’adresses, canif, tube de bois contenant de la teinture de jode, petit rouleau de taffetas gommé, boîte contenant au moins six cachets de Kalmine ou de pyramidon, montre et boussole, blague à tabac, pipe et alumettes.

Sogni e ricordi in Avventura del signor Dudron. Capitolo di Giorgio de Chirico, (“Corriere Padano” 21 dicembre 1941):
[…], la sicurezza dell’uomo ben rasato, bel calzato e ben vestito, che palpa la tasca interna e abbottonata della sua giacca, ove sente il suo portafogli che sa rimpinzato di grossi biglietti di banca e di assegni da riscuotere, di carte d’identità, di tessere e di passaporti perfettamente in regola, e che inoltre sa che nelle altre tasche stanno tanti oggetti necessari ad un uomo previdente, sano di corpo e di spirito, quando lascia la sua dimora per avventurarsi in quella foresta sempre misteriosa e gravida di sorprese che è una grande città moderna; questi oggetti sono: penna stilografica carica di ottimo inchiostro, lapis col salvapunte, taccuini per note e schizzi, temperino, pettine tascabile con astuccio di cuoio, gomma per cancellare, tubetto di legno contenente tintura di iodio, piccolo rottolo di leucoplast, scatoletta metallica piatta contenente almeno sei calmine, orologio e bussola, borsa con tabacco, pipa e scatola di fiammiferi svedesi, pezzo di ferro, o corno di corallo, da toccare al passaggio di un funerale e d’un individuo avente la reputazione di essere jettatore.
 

Une Aventure de M. Dudron, 1945:
     Il savait qu’en se levant il devrait pourvoir à cette sûreté intégrale de l’homme bien rasé, bien chaussé et bien habillé, qui tâte la poche intérieure et boutonnée de son veston où il sent le portefeuille qu’il sait nanti de gros billets et de chèques à toucher, de cartes d’identité et de passeports parfaitement en règle, et qui, en outre, sait que dans les autres poches de son complet se trouve tout ce qui est nécessaire, voire indispensable, à un homme prévoyant, sain de corps et d’esprit, lorsqu’il quitte sa demeure pour s’aventurer dans cette forêt toujours mystérieuse et grosse de surprises qu’est une grande ville moderne, c’est-à-dire: plume stylographe, carnets de notes et d’adresses, canif, petit tube en bois contenant de la teinture d’iode, petit rouleau de taffetas gommé, montre et boussole, peigne de poche, crayon avec protège-pointe, boîte métallique contenant au moins six cachets contre un éventuel mal de tête, blague à tabac dûment remplie, pipe, allumettes, morceau de fer rouillé ou corne en corail pour toucher au passage d’un enterrement ou d’un individu ayant la réputation d’avoir le mauvais œil, et, en général devant toute personne et toute chose susceptibles de porter malheur.

Dattiloscritto Evangelisti, 1963 c.:
    Egli sapeva che alzandosi avrebbe dovuto provvedere a quella sicurezza integrale dell’uomo ben rasato, ben calzato e ben vestito che tasta la tasca interna ed  abbottonata della sua giacca ove sente il portafoglio che sa pieno di grossi biglietti e di assegni da riscuotere, di carte d’identità e di passaporti perfettamente in regola ed inoltre sa che nelle altre tasche del suo abito si trova tutto quello che è necessario, anzi indispensabile, ad un uomo previdente, sano di corpo e di mente, quando lascia la sua dimora per avventurarsi in quella foresta sempre misteriosa e piena di sorprese che è una grande città moderna, e cioè: penna stilografica, blocchetto per annotazioni ed indirizzi, temperino, piccolo tubo contenente tintura di jodio, piccolo rotolo di cerotto, orologio e bussola, pettine da tasca, matita con salvapunte, scatoletta contenente almeno sei compresse contro il mal di capo, borsa per il tabacco ben piena, pipa, fiammiferi svedesi, pezzo di ferro, oppure corno di corallo, per toccare al passaggio di un funerale o di un individuo ritenuto jettatore, e, in genere, davanti a ogni persona e ogni cosa suscettibile di portar male.

Sorties en ville

    Ayant consulté sa montre, Monsieur Dudron s’aperçut qu’il était grand temps de s’habiller et de sortir. Oui, sortir, mais pour aller où ? Tout cela maintenant ne suffisait plus pour calmer son esprit qui était devenu bucolique et tolérant par force majeure. En fait de sorties en ville, il savait désormais à quoi s’en tenir. Il connaissait ces grands centres où convergeaient les instincts mécanisés de millions el de millions de ses semblables et où, nuit et jour, une foule exaspérée par la lutte pour la vie s’agitait sous des groupes harmonieux sculptés dans le marbre et ternis par le brouillard et la fumée et qui, sur leurs socles cubiques, représentaient la musique, la danse, la pensée et la poésie. « Être content de soi même, pensait Monsieur Dudron, n’est pas tout; il faut encore obtenir cette série de petites victoires qui assurent notre position dans la vie et dressent autour de nous des remparts indispensables pour nous protéger des attaques que nos semblables, quels qu’ils soient, dirigent tôt ou tard contre nous. Il y a, c’est vrai, la Nature. La Nature !… »

Uscite in città

    Avendo consultato il suo orologio, il Signor Dudron s’accorse che era più che ora di vestirsi e di uscire. Sì, uscire, ma per andare dove? Tutto ciò ora non era più sufficiente per calmare il suo spirito che era divenuto bucolico e tollerante per forza maggiore. In fatto di uscite in città egli sapeva ormai a cosa attenersi. Egli conosceva questi grandi centri ove convergevano gli istinti meccanici di milioni e milioni di suoi simili e dove, notte e giorno, una folla esasperata dalla lotta per la vita s’agitava sotto armoniosi gruppi scolpiti nel marmo ed offuscati dalla nebbia e dal fumo, e che sui loro piedistalli cubici rappresentavano la musica, la danza, il pensiero e la poesia: «Essere contenti di se stessi, – pensò il Signor Dudron, – non è tutto; bisogna ancora ottenere quella serie di piccole vittorie che assicurano la nostra posizione nella vita ed innalzano attorno a noi dei baluardi indispensabili per proteggerci dagli attacchi che i nostri simili, chiunque essi siano, presto o tardi dirigono contro di noi. C’è, è vero, la Natura. La Natura! … ».

Varianti

Manoscritto Dusdron, metà anni ’30:
    Les joies qu’il pouvait ressentir devant cet immense spectacle de gaillards intrépides et innombrables qui se précipitaient dans les chaloupes pour gagner au plus vite leurs vaisseaux d’où on les appelait à grands coups de sirènes, ne suffisaient pas à calmer son esprit qui était devenu bucolique et tolérant par force majeure, suffisaient plutôt les grands centres où convergeaient les instincts mécanisés de millions de ses semblables et où nuit et jour une foule exaspérée dans la lutte pour la vie s’agitait sous des groupes harmonieux sculptés dans la pierre et qui sur leurs socles cubiques symbolisaient la danse[1] et la musique et la pensée. 
“Être content de soi-même – pensa Monsieur Dusdron, n’est pas tout; il faut aussi obtenir cette série de petites victoires qui assurent notre position dans la vie et dressent autour de nous des remparts indispensables pour nous garantir des attaques que nos semblables, quels qu’ils soient dirigent tôt ou tard contre nous.”

[1] Nella versione a stampa Monsieur Dusdron (“Metafisica”, N.1-2, 2002, p.243): “dance”

Manoscritto Dudron – Levy, 1936:
   Les joies qu’il pouvait ressentir devant cet immense spectacle de tous ces innombrables et intrépides gaillards se précipitant dans les chaloupes pour gagner au plus vite leurs vaisseaux d’où on les appelait à grands coups de sirène, ne suffisaient pas à calmer son esprit qui était devenue bucolique et tollérant par force majeure ; plutôt auraient suffi ces grands centres vers lesquels convergaient les instincts mécanisés de millions et de millions de ses semblables et où, nuit et jour, une foule exasperée par la lutte pour l’existence, s’agitait sous les beaux groupes harmonieux sculptés dans la pierre par le ciseau de maint maître-sculpteur et qui sur leurs socles cubiques symbolisaient la danse, la musique, la poésie, la pensée, le héroisme, etc. «Être content de soi-même, pensa Monsieur Dudron, n’est pas tout; il faut encore obtenir cette série de petites victoires qui assurent et consolident notre position dans la vie et dressent tout autour de nous des remparti indispensables pour nous garantir de toutes les attaques que nos semblables quels qu’ils soient, dirigent tôt ou tard contre notre être moral et physique.»

Fantasticherie in Avventura del signor Dudron. Capitolo di Giorgio de Chirico, (“Corriere Padano” 21 dicembre 1941):
    La gioia che egli poteva provare davanti lo spettacolo di quei pezzi d’uomini, aitanti e robusti, che si precipitavano nelle scialuppe per raggiungere le navi dalle quali li chiamavano i grand’ululati di sirena, non gli bastava.
Per calmare io suo spirito che era divenuto tollerante e bucolico per forza maggiore. sarebbero forse piuttosto bastati quei grandi centri urbani, ove convergevano gl’istinti meccanizzati di milioni dei suoi simili ed ove giorno e notte una folla esasperata nelle incessante lotta per la vita, si agitava freneticamente sotto quei gruppi armoniosi scolpiti nella pietra e che sopra i loro piedistalli cubici raffiguravano la musica, la danza e la poesia.
“Essere contenti di se stessi – pensò il signor Dudron – non basta”. Bisogna anche ottenere quella serie di piccole vittorie che assicurano la nostra posizione nella vita e drizzano intorno a noi dei baluardi indispensabili per garantirci dagli attacchi che i nostri simili, chi che siano, dirigono, prima o dopo, contro di noi.

Une aventure de M. Dudron, 
1945:
    Ayant consulté sa montre, M. Dudron s’aperçut qu’il était grand temps de s’habiller et de sortir. Oui, sortir, mais pour aller où? Tout cela maintenant ne suffisait plus pour calmer son esprit qui était devenu bucolique et tolérant par force majeure. En fait de sorties en ville il savait désormais à quoi s’en tenir. Il connaissait ces grands centres où convergeaient les instincts mécanisés de millions et de millions de ses semblables et où, nuit et jour, une foule exaspérée par la lutte pour la vie s’agitait sous des groupes harmonieux sculptés dans le marbre et ternis par le brouillard et la fumée et qui, sur leurs socles cubiques, représentaient la musique, la danse, la pensée et la poésie. « Être content de soi même, – pensait M. Dudron, – n’est pas tout; il faut encore obtenir cette série de petites victoires qui assurent notre position dans la vie et dressent autour de nous des remparts indispensables pour nous protéger des attaques que nos semblables, quels qu’ils soient, dirigent tôt ou tard contre nous. Il y a, c’est vrai, la Nature. La Nature!… »

Una versione, questa volta scritta di pugno da de Chirico, è contenuta nel Dattiloscritto Evangelisti del 1963 circa:
    Dopo aver guardato il suo orologio, il signor Dudron si accorse che era ora di vestirsi e di uscire. Va bene uscire, ma per andare dove? Tutto questo ormai non bastava per calmare il suo spirito che era divenuto bucolico e tollerante per forza maggiore. In fatto di uscite in città sapeva ormai di che cosa si trattava. Egli conosceva perfettamente quei grandi centri verso i quali convergevano gli istinti mecanizzati di milioni e milioni di suoi simili ed ove, giorno e notte, una folla esasperata dalla lotta per la vita, si agitava sotto i gruppi armoniosi scolpiti nel marmo ed anneriti dalla nebbia e dal fumo delle officine, ed i quali, su i loro piedistalli cubici, raffiguravano la musica, la danza, il pensiero e la poesia.
– Essere contenti di se stessi non basta – pensava il signor Dudron – bisogna ancora ottenere quella serie di piccole vittorie che assicurano la nostra posizione nella vita ed intorno a noi formano dei baluardi indispensabili per difenderci dagli attacchi che i nostri simili, chi che essi siano, prima o dopo, dirigono contro di noi. Vi è, la Natura, è vero. La Natura! … – 

Images très peu rassurantes

    Le son de ce mot évoqua dans l’esprit de Monsieur Dudron des images très peu rassurantes. Il vit devant lui des grèves désertes et des mers laiteuses et terriblement tranquilles. À l’horizon, un soleil, disque rouge et tragiquement solitaire, descendait lentement au milieu des vapeurs. « Horizon qui fume », pensa Monsieur Dudron. Un animal monstrueux, à tête de perroquet, une masse noire et énorme comme une montagne, émergea lentement de l’eau et se traîna sur le sable parmi les coquillages dont quelques-uns bougeaient un peu, se déplaçaient péniblement, puis s’écroulaient et restaient immobiles. Ensuite, c’étaient des lacs tranquilles et noirs, entourés de sombres sapins. Derrière, de hautes montagnes dressaient leurs cimes dont les longues crevasses étaient pleines de neige, pareilles à des coulées de lave blanche. Du haut d’un rocher, une cascade tombait dans le lac. Bien qu’elle se trouvât assez loin, le bruit qu’elle faisait arrivait jusqu’à Monsieur Dudron, tellement l’air était immobile et le silence complet.

Visioni assai poco rassicuranti

    Il suono di questa parola evocò nella mente del Signor Dudron visioni assai poco rassicuranti. Egli vide davanti a sé spiagge deserte e mari lattiginosi e tremendamente tranquilli. All’orizzonte, un sole, disco rosso e tragicamente solitario, discendeva lentamente tra i vapori. «Orizzonte che fuma» pensò il Signor Dudron [1]. Un animale mostruoso, a testa di pappagallo, una massa nera ed enorme come una montagna, emerse lentamente dall’acqua e si trascinò sulla sabbia tra le conchiglie di cui alcune si muovevano un poco, si spostavano a fatica, poi stramazzavano e restavano immobili [2]. Poi vi erano laghi tranquilli e cupi circondati da oscuri abeti. In fondo, alte montagne alzavano le loro cime i cui lunghi crepacci erano pieni di neve, e parevano immobili colate di lava bianca. Dall’alto di una roccia una cascata cadeva nel lago. Malgrado questa cascata fosse assai lontana, il rumore arrivava fino al Signor Dudron, tanto era immobile l’aria e completo il silenzio.

Varianti

Manoscritto Dusdron, metà anni ’30:
    «La Nature», pensa Monsieur Dusdron, et aussitôt il vit devant lui un autre spectacle: c’était des grèves désertes et des mers laiteuses et tranquilles, à l’horizon un soleil ardent et tragiquement solitaire se couchait tout rouge dans les vapeurs de l’horizon [1]; parfois un horizon qui fume, un animal monstrueux à tête de perroquet, une masse énorme et noire comme une montagne sortait lentement de l’eau et se traînait sur le sable parmi les coquillages dont quelques-uns bougeaient un peu, se déplaçaient péniblement puis s’écroulaient de nouveau immobiles [2]; et après c’étaient des lacs tranquilles entourés de sapins sévères et sombres ; derrière, de hautes montagnes dressaient leurs cimes dont les longues crevasses étaient remplies de neige pareilles à des coulées de lave blanche; du haut d’un rocher une cascade tombait dans le lac; bien qu’elle se trouvait assez loin le bruit qu’elle faisait arrivait jusqu’à Monsieur Dudron, tellement l’air était tranquille, et le silence complet dans l’immobilité de l’atmosphère.

[1] Nel testo sinottico francese del 2004 viene evitata la ripetizione della parola “horizon” che rendeva cacofonica la versione Dusdron.
[2]La frase è stata corretta mediante un confronto col testo sinottico del 2004. Nella versione a stampa Giorgio de Chirico, Monsieur Dusdron (“Metafisica”, N.1-2, 2002, p. 243) troviamo una sconcertante confusione, sicuramente risultato di errori d’inserimento degli elementi copiati: «les coquillages dont un peu se déplaçaient péniblement puis s’écroulaient de nouveau immobiles et dont quelques-unes [sic!] bougeaient». 

Manoscritto Dudron-Levy, 1936:
   «La Nature!» – pensa Monsieur Dudron, et aussitôt il vit devant lui un autre spectacle: c’était des grèves désertes et des mers inquiétantes laiteuses et immobiles. Au loin un soleil rouge et tragiquement solitaire descendait dans les vapeurs d’un horizon fumant. Parfois un animal monstreux espèce d’éléphant à tête de perroquet, masse enorme et noire, sortait lentement de l’eau et se trainait sur le sable parmi l’etranges coquillages dont quelquesuns bougeaient un peu se déplaçaient peniblement puis s’ecroulaient et restaient de nouveau immobiles. Après c’était des lacs tranquilles entourés de sapins sévères et sombres. Derrière les sapins de hautes montagnes dressaient leurs cimes dont les longues crevasses étaient remplies de neige, pareilles à des coulées de lave blanche; du haut d’un rocher qui surplombait le lac une cascade tombait dans l’eau; bien qu’elle se trouva très loin le bruit qu’elle faisait arrivait jusqu’à Monsieur Dudron tellement l’air était tranquille et le silence complet dans l’immobilité de l’atmosphère.

Il figlio adottivo scappa in Avventura del signor Dudron. Capitolo di Giorgio de Chirico, (“Corriere Padano” 21 dicembre 1941):
    “La Natura!”, pensò il signor Dudron, e tosto vide davanti a sè un altro spettacolo: erano delle spiagge deserte e dei mari lattiginosi e tranquilli. All’orizzonte il disco rosso d’un sole tragicamente solitario tramontava nei vapori che salivano laggiù, lungo quella linea ove il mare si confondeva col cielo. “Orizzonte che fuma” – pensò il signor Dudron. A volte un animale mostruoso a testa di pappagallo, specie di massa enorme e nera come una montagna, emergeva dall’acqua lentamente, a poca distanza dalla riva, poi si trascinava sull’arena tra le conchiglie, le stelle marine, le ostriche, i molluschi d’ogni sorta, di cui alcuni si muovevano un po’, si spostavano penosamente, poi ricascavano e restavano di nuovo immobili. E poi c’erano dei laghi tranquilli, circondati da abeti cupi e severi; dietro, alta montagna con le cime solcate da lunghi crepacci pieni di neve, simili a colate di lava bianca. Dall’alto d’una roccia una cascata precipitava nel lago; benchè questa cascata si trovasse ad una grande distanza, il rumore che faceva precipitando nel lago giungeva fino al signor Dudron, talmente l’aria era tranquilla ed il silenzio completo nell’immobilità dell’atmosfera.

Il passo finale corrisponde senza variazioni alla redazione francese del libretto Une Aventure de M. Dudron, 1945.

Una versione scritta di pugno da de Chirico è contenuta nel Dattiloscritto Evangelisti, 1963 c.:
    Il suono di questa parola evocò nella mente del signor Dudron, immagini inquietanti. Vide davanti a lui dei lidi deserti e dei mari lattiginosi e terribilmente calmi. All’orizzonte, un sole, disco rosso e tragicamente solitario, scendeva lentamente in mezzo ai vapori. Orizzonte che fuma – pensò il signor Dudron. Un’ animale mostruoso che aveva la testa simile a quelle del papagallo, massa nera come il bitume ed enorme come una montagna, emerse lentamente dall’acqua e si trascinò sulla rena, tra le conchiglie, di cui alcune si muovevano [un] poco, si spostavano con fatica, poi crollavano e restavano immobili. Poi, il signor Dudron vide dei laghi tranquilli e cupi circondati da oscuri abeti. Dietro vi erano delle alte montagne che drizzavano verso il cielo i loro fianchi, di cui i lunghi crepacci erano pieni di neve e sembravano colate di lava bianca. Dall’alto di una roccia una cascata cadeva nel lago. Benché fosse abbastanza lontana, il rumore che faceva giungere sino al signor Dudron, talmente l’aria era immobile ed il silenzio completo

Nota 1

Nelle Memorie della mia vita de Chirico descrive il bel panorama visto dalla sua abitazione in piazza di Spagna dove risiede dal 1947. Chiude la descrizione con un breve excursus filosofico:
    Nulla però scorgo verso nessuno dei quattro punti cardinali; non la più piccola nuvoletta. Allora immagino tifoni e cicloni, nembi spaventosi e repentini che si abbattono sulla città, bufere di vento e pioggia torrenziale e poi immagino, quando il cielo lavato torna ad essere sereno, una frescura deliziosa, aliti odorosi di terra bagnata che passano leggeri, dando respirazione a tutta la Natura. Invece vedo a Ponente un disco infuocato scendere lentamente e sparire dietro i vapori dell’orizzonte. Orizzonte che fuma, queste tre parole mi fanno pensare ad Otto Weininger ed al suo libro: Intorno alle cose supreme, ove dice che il sole che tramonta all’orizzonte è simile ad un collo tagliato; io dico che è anche simile ad una delle due metà di un cocomero tagliate in mezzo. Lo stesso Weininger dice nello stesso libro che quando il cratere di un vulcano erutta la lava sono le defecazioni della terra che es­cono dal cratere. Ma tutte queste definizioni, dovute a somiglianza di immagini, non hanno un gran valore; quando lessi, parec­chi anni or sono, Sesso e Carattere, ed Intorno alle cose supreme, mi interessai all’opera di Weinin­ger; in seguito il mio interesse è diminuito ed ora confesso che non m’interessa più affatto. Invece ho conservato sempre lo stesso interesse per le opere di Arturo Schopenhauer[1].

[1] Giorgio de Chirico, Memorie… 1962, p.182.

Nota 2

Questo passo ha una sua prima e più complessa elaborazione nel testo Sur le silence  del 1924-1925.
    Avant que l’homme parût sur la terre le dieu Silence régnait partout, invisible et présent. Des choses noires et flasques, espèce de poissons-rochers, émergeaient lentement, comme de sous-marins en manœuvre, puis se traînaient péniblement sur la grève comme des grands mutilés privés de leurs voiturettes mécaniques. Vastes époques de silence sur la terre, tout fumait! Des colonnes de vapeur montaient des étangs bouillonnants, d’entre les rochers tragiques et du milieu des forêts. La Nature, la Nature sans bruit! Grèves désertes et silencieuses; au loin sur les mers laiteuses et d’une tranquillité inquiétante, un soleil rouge, disque de drame, disque solitaire s’efforçait avec lenteur dans les vapeurs de l’horizon. De temps à l’autre un animal monstrueux, sorte d’îlot à cou de cygne et à tête de perroquet, sortait de l’eau pour entrer à l’intérieur des terres, dans les forêts mystérieuses et au fond des vallées humides. Les grèves étaient jonchées d’étranges coquillages: étoiles, vrilles, et spirales brisées; quelques-uns bougeaient un peu, se déplaçaient par soubresauts, puis s’écroulaient comme épuisés par l’effort, et restaient de nouveau immobiles[1].

[1] Cfr. Giorgio de Chirico, Sur le silence, in Il meccanismo del pensiero…, 1985,  p.261.

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