MONSIEUR DUDRON
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« Les amateurs de peinture de ces temps heureux étaient des hommes qui avaient un sens artistique très développé par une tradition qui venait de leurs ancêtres et ils avaient aussi une finesse et un raffinement qui provenaient de la vraie culture.
« Les artistes et les amateurs se trouvaient sur le même plan intellectuel ; ils avaient la même clarté et supériorité d’esprit. Un vrai contact existait entre les créateurs et les spectateurs de l’art, car la compréhension et l’amour pour ce phénomène étonnant et magnifique qu’est l’art unissaient étroitement ces hommes.
« Aujourd’hui la peinture n’est plus du grand art. La peinture de notre époque est de la décoration et de l’imagerie et, dans ce qu’on appelle la peinture moderne, elle est surtout la recherche frénétique de l’originalité et d’un faux esthétisme.
« La vraie raison de cet éloignement des peintres de ce qu’est le vrai art, cet éloignement qu’on remarque chez les artistes modernes, réside dans l’impossibilité plastique de la création artistique supérieure. C’est l’impuissance créative qui a obligé les artistes modernes à chercher les échappatoires et les ersatz. Le résultat de tout cela est une monotonie et un profond ennui qui émanent de toutes ces innombrables peintures, toujours les mêmes comme substance, toujours de la même qualité inférieure, et dans lesquelles on ne trouve que si rarement une petite étincelle de talent.
« L’amateur moderne est pleinement adapté au niveau artistique de notre époque. Il est, si c’est possible, encore plus éloigné de l’art que peut l’être le peintre d’aujourd’hui. L’amateur moderne ne suppose même pas qu’une peinture doit être surtout et avant tout une œuvre d’art. Il croit que le tableau est une image et que la valeur d’un tableau dépend uniquement du sujet qu’il représente. Ainsi l’amateur d’aujourd’hui a docilement accepté des paysages tristes et boueux, des natures mortes inexistantes, des figures vides et sans forme. Les amateurs d’art moderne se contentent de toutes ces images si peu attrayantes, pour la simple raison que toute une littérature accompagne et soutient ces représentations picturales, qui, ne disant rien par elles-mêmes, ont trouvé le moyen de se faire expliquer par la spiritualité, la pureté, la sincérité et par une infinité d’autres paroles qui, dites à propos d’un tableau, ne signifient absolument rien.
« Tâchons d’expliquer une fois pour toutes aux hommes qui s’intéressent à l’art, qu’une peinture ne peut être ni sincère, ni pure, ni spirituelle, elle peut seulement être bien ou mal exécutée, avoir de la valeur artistique ou en manquer, et c’est justement la qualité de la peinture qui détermine si un tableau est une œuvre d’art ou un objet quelconque.
« Dans cet écrit je parlerai des portraits.
« Les portraits qui ont été peints depuis environ trois quarts de siècle se partagent en deux catégories: à la première appartiennent les portraits académiques ou mondains; à la seconde catégorie appartiennent les portraits qu’on appelle d’avantgarde, ou modernes. Les portraits académiques ou mondains, peints par les peintres officiels ou par des portraitistes mêlés à la vie élégante, sont naturellement beaucoup plus nombreux que les portraits modernes et cela parce que les portraits ainsi dits modernes ne peuvent satisfaire même un public si peu cultivé artistiquement que l’est le public d’aujourd’hui. Avec les mots peu cultivé je parle en bloc autant des bourgeois que des snobs.
« Au fond les hommes désirent voir représenter leur personne dans un portrait d’une façon plus ou moins normale.
« Il n’y a eu que très peu d’intellectuels qui se sont décidés à sacrifier leur enveloppe terrestre sur l’autel du modernisme. De ce sacrifice héroïque sont nées toutes ces interprétations intellectuelles, plates et sans vie, heureusement peu nombreuses, qui sont les portraits modernes ou d’avant-garde.
« Les portraits académiques et mondains contiennent moins de ce qu’on appelle aujourd’hui la spiritualité mais, en revanche, ils sont beaucoup plus ressemblants. Ils sont moins esthétisants mais beaucoup mieux dessinés. Leur défaut est qu’ils ne sont pas des œuvres d’art car ils manquent complètement d’intérêt artistique et de beauté de peinture. La raison principale de l’aspect anti-artistique des portraits académiques et mondains réside dans la qualité inférieure de la matière avec laquelle ils sont peints; c’est une matière qui ne permet pas la finesse de modelé, la luminosité des couleurs, la préciosité des tissus, la transparence des ombres, enfin tout ce qui constitue le charme mystérieux des portraits des grands maîtres comme Rubens, Vélasquez, Rembrandt, Tintoret. C’est donc de la mauvaise qualité de la matière que dépend la différence qu’il y a entre un portrait académique ou mondain de notre époque et un beau portrait ancien.
« On n’insistera jamais assez sur la question de la qualité de la matière.Pour rendre au lecteur plus évidente la différence qu’il y a entre une bonne et une mauvaise peinture je dirai que la différence qu’il y a entre la matière d’une belle peinture ancienne et la matière d’un tableau moderne est comme la différence qu’il y a entre une pierre précieuse et un caillou.
« Les peintres académiques et mondains de la fin du siècle dernier et du commencement du nôtre, ces peintres comme Bonnet, Carolus Duran, Zuloaga, Boldini et autres, avaient sûrement une certaine habileté, un certain métier, mais les tableaux qu’ils ont laissés ne sont pas de la bonne peinture justement à cause de la mauvaise qualité de leur matière ; ils ne résisteront pas à l’épreuve du temps, de ce temps qui fait la meilleure sélection entre vraies et fausses valeurs. Quel est l’homme qui pour la première fois sur cette terre a dît ces paroles si justes: “Le temps met chaque chose à sa juste place” ? Le temps, grand consolateur et conseiller de nous autres hommes, incapables de vivre, de créer, de comprendre sans son aide.
« Depuis que les bourgeois sont devenus les principaux acquéreurs de tableaux, la peinture a dégénéré en décoration et imagerie et les portraits sont devenus des reproductions, sans valeur artistique, des personnes qui se sont fait portraiturer.
« Le portrait a une situation très délicate dans la peinture contemporaine et cela pour la raison suivante. Le portrait est un sujet très difficile à peindre et dans l’exécution d’un portrait le bien et le mal sont, même pour un profane, plus évidents, plus vérifiables que dans un autre sujet. Ainsi que je l’ai déjà fait remarquer, la plupart des gens, en commandant un portrait, préfèrent la fidélité de la ressemblance aux interprétations modernistes et intellectuelles.
« Les hommes sont par leur nature trop attachés à leur aspect physique pour le sacrifier à l’intellectualisme et aux modes qu’il crée. Au fond, même pour les plus mystiques et fervents apôtres du modernisme, lorsque cette théorie s’applique au portrait de leur propre personne, ils la trouvent beaucoup moins agréable et souvent même très désagréable. Voici pourquoi la plupart de ceux qui ont désiré avoir leur portrait se sont adressés plutôt à des peintres académiques ou mondains, qui leur ont fait des portraits ressemblants, qu’à des peintres modernes et d’avant-garde qui n’auraient pu leur donner que des interprétations esthétisantes.
« Naturellement cette préférence a beaucoup irrité les intellectuels purs qui, dégoûtés par un tel manque de compréhension, ont traité avec le plus profond mépris tous ces portraits ressemblants mais banals.
« Dans leurs discours sur l’art, les gens intellectualisant mais, en même temps, fermement décidés à ne jamais commander leur portrait, insistent dans leur implacable conviction que la ressemblance dans un portrait est inutile, qu’elle est même une prévention dépassée, et que seulement des personnes ignorantes et stupides peuvent l’exiger.
Gli amatori di pittura di quei tempi felici erano uomini dotati di un senso artistico molto sviluppato grazie ad una tradizione tramandata dai loro antenati, ed essi avevano altresì una finezza e raffinatezza che provenivano da una vera cultura.
Gli artisti e gli amatori si trovavano sullo stesso piano intellettuale; essi avevano la stessa chiarezza e superiorità di spirito. Un vero contatto esisteva tra i creatori e gli spettatori dell’arte perché la comprensione e l’amore per quel fenomeno sbalorditivo e magnifico che è l’arte univa strettamente quegli uomini.
Oggi la pittura non è più grande arte. La pittura dell’epoca nostra è decorazione e commercio di immagini, ed in quello che si chiama la pittura moderna, essa è sopratutto ricerca frenetica di originalità e di un falso estetismo.
La vera ragione di questo allontanamento dei pittori da quello che è l’arte vera, di quell’allontanamento che si nota tra gli artisti moderni, risiede nell’impossibilità plastica della creazione artistica superiore. È l’impotenza creativa che ha obbligato gli artisti moderni a cercare delle scappatoie e l’ersatz. Il risultato di tutto ciò sono la monotonia e la profonda noia che emanano tutte queste pitture innumerevoli, sempre uguali come sostanza, sempre della stessa qualità inferiore, e nelle quali non si trova che assai raramente una piccola scintilla di talento.
L’amatore moderno è pienamente degno del livello artistico della nostra epoca. Egli è, se questo è possibile, ancora più lontano dall’arte di quanto lo possa essere un pittore di oggi. L’amatore moderno non suppone neppure che una pittura deve essere sopratutto ed anzitutto un’opera d’arte. Egli crede che il quadro è un’immagine e che il valore di un quadro dipende unicamente dal soggetto che esso rappresenta. Così l’amatore di oggi ha docilmente accettato paesaggi tristi e pieni di fango, nature morte inesistenti, figure vuote e senza forma. Gli amatori d’arte moderna si accontentano di tutte queste immagini così poco attraenti per la semplice ragione che un’intera letteratura accompagna e sostiene queste rappresentazioni pittoriche che, non dicendo niente in se stesse, hanno trovato il modo di farsi spiegare con la spiritualità, la purezza, la sincerità e con una infinità di altre parole che, dette a proposito di un quadro, non significano assolutamente niente.
Cerchiamo di spiegare una volta per sempre agli uomini che si interessano dell’arte che una pittura non può essere né sincera, né pura, né spirituale, essa può essere soltanto bene o male eseguita, avere valore artistico o non averne ed è appunto la qualità della pittura che determina se un quadro è un’opera d’arte o un oggetto qualunque.
In questo scritto parlerò dei ritratti.
I ritratti che sono stati dipinti da circa tre quarti di secolo si dividono in due categorie: alla prima appartengono i ritratti accademici o mondani; alla seconda categoria appartengono quei ritratti che vengono chiamati di avanguardia, o moderni. I ritratti accademici o mondani, dipinti dai pittori ufficiali o da ritrattisti legati alla vita elegante, sono naturalmente assai più numerosi che non i ritratti moderni, e ciò perché i ritratti cosidetti moderni non possono soddisfare neppure un pubblico così poco preparato artisticamente qual è il pubblico di oggi. Con le parole poco preparato mi riferisco tanto ai borghesi quanto agli snob.
In fondo gli uomini desiderano di vedere rappresentata la loro persona in un ritratto in maniera più o meno normale.
Vi sono stati soltanto pochissimi intellettuali che si sono decisi a sacrificare la loro forma terrestre sull’altare del modernismo. Da questo sacrificio eroico sono nate tutte quelle interpretazioni intellettuali, piatte e senza vita, per fortuna non numerose, che sono i ritratti moderni o di avanguardia.
I ritratti accademici e mondani contengono meno di quello che oggi viene chiamato spiritualità, ma in compenso, essi sono molto più rassomiglianti. Essi sono meno estetizzanti ma molto meglio disegnati. Il loro difetto è che non sono opere d’arte perché mancano completamente di interesse artistico e di bellezza di pittura. La ragione principale del carattere antiartistico dei ritratti accademici e mondani risiede nella qualità inferiore della materia con la quale essi sono dipinti; è una materia che non permette la finezza di modellare, la luminosità dei colori, la preziosità del tessuto, la trasparenza delle ombre, insomma tutto ciò che costituisce il fascino misterioso dei ritratti dei grandi maestri come Rubens, Velazquez, Rembrandt, Tintoretto. È dunque dalla cattiva qualità della materia che dipende la differenza che c’è tra un ritratto accademico o mondano della nostra epoca ed un bel ritratto antico.
Non si insisterà mai abbastanza sulla questione della qualità della materia. Per rendere al lettore più evidente la differenza che passa tra una buona ed una cattiva pittura, dirò che la differenza che c’è tra la materia di una bella pittura antica e la materia di un quadro moderno è uguale alla differenza tra una pietra preziosa ed un ciottolo.
I pittori accademici e mondani della fine del secolo scorso e del principio del secolo nostro, quei pittori come Bonnat, Carolus Duran, Zuloaga, Boldini ed altri, avevano sicuramente una certa abilità, un certo mestiere, ma i quadri che essi hanno lasciati non sono buona pittura, appunto a causa della cattiva qualità della loro materia; essi non resisteranno alla prova del tempo, di quel tempo che compie la migliore selezione tra valori falsi e veri. Qual è l’uomo che per la prima volta su questa terra ha detto quelle parole tanto giuste: il tempo mette ogni cosa al suo giusto posto? Il Tempo, grande consolatore e consigliere di noialtri uomini, incapaci di vivere, di comprendere senza il suo aiuto.
Da quando i borghesi sono diventati i principali acquirenti di quadri, la pittura è degenerata in decorazione, in commercio di immagini, ed i ritratti sono diventati delle raffigurazioni, senza valore artistico, delle persone che si sono fatte ritrarre.
Il ritratto si trova in una situazione molto delicata nella pittura contemporanea, e ciò per la seguente ragione. Il ritratto è un soggetto molto difficile a dipingere e nell’esecuzione di un ritratto quello che va bene e ciò che va male è, anche per il profano, più evidente, più controllabile che non in un altro soggetto.
Perciò, come ho già fatto rilevare, la maggior parte della gente, ordinando un ritratto, preferì la fedeltà della rassomiglianza alle interpretazioni moderniste ed intellettuali.
Gli uomini sono per la loro natura troppo attaccati al loro aspetto fisico per sacrificarlo a favore dell’intellettualismo e delle mode che questo ha creato. In fondo, perfino per i più mistici e ferventi apostoli del modernismo è molto meno piacevole e spesso anzi molto spiacevole quando le loro teorie vengono applicate ad un ritratto della loro persona. Ecco perché la maggior parte di coloro che hanno desiderato di avere un proprio ritratto, si è rivolta piuttosto a pittori accademici o mondani che hanno fatto loro ritratti rassomiglianti, anziché a pittori moderni e di avanguardia che non avrebbero potuto dare loro che interpretazioni estetizzanti.
Naturalmente questa preferenza ha molto irritato gli intellettuali puri che, disgustati per una simile mancanza di comprensione, hanno trattato col più profondo disprezzo tutti quei ritratti rassomiglianti ma banali.
Nei loro discorsi sull’arte, le persone intellettualoidi ma, nello stesso tempo fermamente decise a non ordinare mai un loro ritratto, insistono sulla loro implacabile convinzione che la rassomiglianza in un ritratto è inutile, che è perfino una prevenzione sorpassata e che solo gente ignorante e stupida può esigerla.
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